Mensuel 064 Novembre 2011

Billet de la rédaction

« Rendre l’analyse indépendante des humeurs de l’analysant » Psychanalyse 1920 avec Freud

« Nous n’avons pas eu de scrupule à utiliser la thérapie analytique chez de tels enfants névrosés, qui ou bien manifestent des symptômes névrotiques indubitables, ou bien étaient sur la voie d’un développement défavorable de leur caractère. »

Sur la proposition de Sadger (son analyste) et avec l’aval de Freud, Hermine von Hug Hellmuth devient, en octobre 1913, membre de la Société psychanalytique de Vienne. C’est la première femme psychanalyste non médecin à y entrer. Freud lui confiera la rédaction d’une rubrique consacrée aux enfants dans la revue Imago ainsi que la charge d’un cycle de conférences à la Polyclinique de psychanalyse de Berlin. En 1922, elle est chargée de cours à l’Ambulatorium de Vienne et devient en 1923 directrice du Centre psychanalytique de consultation pour l’éducation. Ce centre reçoit des enfants et leurs parents de 2 à 20 ans.

Au VIe Congrès international de La Haye, en 1920, elle fait une intervention intitulée : « De la technique de l’analyse d’enfants ». Je vous livre quelques points de sa pratique et de ses points de vue théoriques, qui allient thérapeutique et éducation. Sa fin tragique a jeté un voile de soupçon sur son travail, mais il me semble qu’il vaut de s’y intéresser.

Cette ancienne institutrice, venue tardivement à la psychanalyse, reprendra les points de vue de Freud quant à l’analyse avec les enfants tout en y ajoutant sa touche personnelle, n’hésitant pas, par exemple, à se rendre au domicile de l’enfant pour y conduire la cure ! Elle argumente cette position en deux points : « Il faut rendre l’analyse indépendante des humeurs de l’analysant » et empêcher l’intervention des parents à trouver prétexte pour interrompre le travail.

Elle met en avant l’importance du jeu et du dessin dans le travail analytique avec les enfants, de l’ici et du maintenant, l’enfant étant souvent dans l’agir ; ce qu’il montre alors est interprétable, dans sa valeur symptomatique,et donc « un aveu muet exprimé par une action symbolique ». Elle prône ce qu’elle nomme « thérapie active », « concertation fructueuse », ou comment se faire l’allié de l’enfant. Mais aussitôt elle prévient assez drôlement qu’aucun enfant ne troquera ses parents, fussent-ils incapables, contre son analyste !

Elle préconise la position de l’analyste comme thérapeute pédagogue, ce qui la fait parfois glisser dans une position imaginaire rivalisant avec les parents et donc de « bonne mère thérapeute pédagogue ».

Psychanalyse 2011 avec Lacan À partir de l’enseignement de Lacan, il n’y a plus à particulariser la psychanalyse avec les enfants, même si l’on doit tenir compte et de l’influence du milieu familial présent, et des modalités spécifiques par lesquelles se manifestent ses comportements symptomatiques. L’enfant, comme l’adulte, est un parlêtre et il s’agit, par une clinique orientée par la psychanalyse lacanienne, de rendre compte de la façon dont pour chaque sujet se nouent ou pas les trois registres RSI.

Vous lirez dans ce numéro du Mensuel de novembre des avant-propos à nos Journées de décembre, celle du 9, L’École à l’épreuve de la passe, et celles des 10 et 11 concernant L’analyse, ses fins, ses suites. Suivront des textes traitant de la clinique avec les enfants, une présentation du livre de Michel Bousseyroux et la chronique Petits riens.

J. M.

Sommaire

Pdf complet du Mensuel

Billet de la rédaction : « Rendre l’analyse indépendante des humeurs de l’analysant »

Avant-propos à la 3e Rencontre internationale d’École

Réseau enfant et psychanalyse (REP)
« L’enfant et la structure ». Intérêts et limites d’un diagnostic de structure dans la clinique de l’enfant 

Présentation

Chronique