Mensuel 098 – Juin 2015

Billet de la rédaction

Notre Mensuel en version numérique a atteint sa vitesse de croisière et s’est étoffé depuis quelques mois de sa version papier sur abonnement.

Dans ce numéro, il sera question de la durée de nos analyses, de la biographie du « petit Hans », mais aussi de la notion d’adolescence, d’une expérience clinique de fin de vie d’un enfant. Il se terminera par un article plus théorique sur « le lien social dans le capitalisme contemporain » entre psychanalyse et sociologie.

Que durent nos analyses ? C’est le thème de nos deux premiers articles.

Pour Claire Parada la durée, c’est le temps mis pour prendre conscience du mirage de la vérité, quand la recherche du sens est épuisée, quand la conscience du « non-rapport sexuel » est réalisée.

Nadine Galabrun, elle, évoque la durée de sa propre analyse : comment un événement brutal, un accident de la circulation qu’elle associe à un lapsus apparu peu de temps après, comment ce qu’elle considère comme la rencontre avec la mort lui a permis, selon elle, la rencontre avec le réel.

Fanny Matte elle aussi côtoie la mort et y accompagne un enfant en fin de vie, dans un centre de soins palliatifs : les rapports entre parole et souffrance sont au coeur de son questionnement ; la souffrance impose-t- elle le silence ? Silence de l’enfant, silence des soignants…

Encore un autre enfant, le petit Hans, Herbert Graf, avec son père Max Graf, que sont-ils devenus ? Marie-Laure Pathé-Gautier nous en donne quelques clés, avec une introduction à une étude bibliographique sur la vie de cet enfant de la psychanalyse : on peut y découvrir les liens unissant son père Max Graf, musicologue et journaliste, à son ami Freud, père qui assistait assidûment aux réunions du cercle de Vienne, on peut en apprendre plus sur sa mère Olga, ainsi que sur sa soeur la petite Hanna, mais aussi comment Hans est devenu metteur en scène d’opéra.

Après l’enfance, l’adolescence : un passage, mais pas un stade, nous dit Martine Menès, adolescence souvent évoquée par Freud, mais finalement peu par Lacan, nous fait-elle remarquer. Elle nous rappelle que c’est la période de l’énigme de la réalité du sexe, révélée par les transformations du corps, puis l’énigme de la rencontre sexuelle : c’est en clinicienne avertie qu’elle nous résume le sujet.

« Lien social et “liens hors discours” », tel est le titre du texte de Sidi Askofaré. Il oppose d’abord le concept de lien social selon Freud, « la psychologie individuelle est aussi, d’emblée et simultanément une psychologie sociale », à la conception de Lacan qui complète Freud : « le lien social fondé sur le langage », développant alors ses quatre discours plus un, celui du capitalisme. Sidi Askofaré nous rappelle que la notion de lien social est issue de la philosophie et de la sociologie. Il nous explique alors que le sociologue Durkheim rejette la conception d’un fonctionnement social fondé sur l’individu, pour le reporter sur un fonctionnement collectif de solidarité. L’activité économique est, dit-il, le vecteur fondamental du lien social. Sidi Askofaré termine son article sur une note optimiste : si le discours capitaliste détruit le lien social, il est capable dit-il de créer de nouveaux liens sociaux, fussent-ils hors discours.

Jean-Luc Vallet

Sommaire

Pdf du Mensuel (en accès restreint à cause d’un article)

Billet de la rédaction

Séminaire EPFCL à Paris
« La durée des analyses, ses raisons »

Nadine Galabrun, Dans la durée de l’analyse, un temps qui compte
Claire Parada, Les butées sur le réel qui font durer la cure

Séminaire Champ lacanien à Paris
« Faire lien social dans le discours contemporain ? »

Sidi Askofaré, Lien social et « liens hors discours »

Clinique

Fanny Matte, La souffrance impose-t-elle le silence ? (en accès restreint par décision de l’auteur)
Martine Menès, Le passage adolescent traitement de l’impossible

Références

Marie-Laure Pathé-Gautier, Du petit Hans à Herbert Graf

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