Mensuel 083 Décembre 2013

Billet de la rédaction

Ce numéro du Mensuel est placé sous le signifiant du désir et marque l’horizon du prochain rendez-vous de l’Internationale des Forums du champ lacanien, du 25 au 27 juillet 2014 à Paris, sur le thème Les paradoxes du désir. Il offre l’occasion, dès à présent, de questionner et de partager les travaux et les arguments préparatoires des collègues d’ici et d’ailleurs.

La chose freudienne, nous dit Lacan dans la leçon du 13 mai 1959, c’est le désir, et il ajoute que le désir se présente comme le tourment de l’homme. La variété des travaux proposés à la lecture témoigne de la complexité du désir et de la difficulté pour l’être parlant d’en rendre compte.

Pour commencer, hommage au désir hystérique. Colette Soler, à l’occasion du colloque La Salpêtrière, un théâtre de l’hystérie les 4 et 5 octobre derniers, réactualise l’hystérie dans son rapport au corps et à la parole. Depuis Freud, l’hystérie parlante a remplacé l’hystérie spectacle, mais dans le fond, nous dit-elle, les hystériques d’aujourd’hui sont-elles vraiment différentes d’alors ?

Suivent les interventions au séminaire Champ lacanien de Rennes de Jean-Michel Arzur, David Bernard et Marie-Laure Choquet sous le titre Abords du désir : Lacan et Bouvet. Chacun met l’accent sur la divergence tant théorique que de l’incidence pratique entre Lacan et les postfreudiens, particulièrement Bouvet, sur la question de la relation d’objet.

Marie-Laure Choquet nous éclaire sur le contexte des années 1950 et questionne la relation à l’objet dans son opposition à la relation à partir du manque. Jean-Michel Arzur, avec son titre « Les fausses fenêtres », nous fait suivre les méandres du désir dans la névrose obsessionnelle. David Bernard s’attache au bon boucher, le mari bouché de la belle bouchère, pris tout entier dans sa passion oblative, qui s’affaire à combler sa femme, sourd à son propre désir.

À la rubrique clinique, Marie-Paule Stéphan interroge le phénomène corporel de l’eczéma comme problématique du désir chez un jeune garçon. Elle nous montre comment l’eczéma « ami-cuirasse » convoque le désir de l’Autre par le truchement du regard.

Pour terminer, cinq préludes introduisent directement à la thématique de la Rencontre de 2014 et mettent en lumière le désir dans tous ses états. Cora Aguerre et Patrick Barillot s’intéressent tous deux au désir de savoir propre à l’analyste qui, lui, « n’est pas du tout cuit », car il faut l’inventer. Sidi Askofaré croisant la thèse freudienne souligne la conception inédite du désir chez Lacan : le passage du Wunsch au Lust inscrit le désir de l’être parlant dans le désir de l’Autre. Andrea Brunetto nous fait découvrir deux artistes brésiliens, Zeca Baleiro, compositeur-chanteur, et Seu Jorge, chanteur à succès, qui savent jouer avec les mots et faire résonner l’équivoque de la langue portugaise. Carmine Marrazzo met en perspective les paradoxes du désir de l’analyste avec les paradoxes de l’acte analytique.

Le désir dans toute son ambigüité nous oblige, analystes, à savoir à quelle place nous situer.

Sophie Henry

SOMMAIRE

Billet de la rédaction

Colloque – La Salpêtrière, un théâtre de l’hystérie

– Colette Soler, Les figures et les mots du réel

Échos du séminaire de Rennes – Abords du désir : Lacan et Bouvet

– Marie-Laure Choquet, Querelle d’une époque
– Jean-Michel Arzur, L’analyste et « les fausses fenêtres »
– David Bernard, Sur la relation d’objet. Lacan et Bouvet

Clinique de l’enfant
– Marie-Paule Stéphan, Un phénomène corporel chez un jeune enfant

IVe Rencontre internationale de l’EPFCL 2014 – Les paradoxes du désir –
Préludes

– Cora Aguerre, Mise à l’épreuve du désir
– Sidi Askofaré, Entre vérité et acte : paradoxe et dialectique du désir
– Patrick Barillot, La marque du psychanalyste
– Andrea Brunetto, La problématique du désir
– Carmine Marrazzo, Réinventions d’un destin

Chronique éphémère sur les pères au XXIe siècle
– Claude Léger, Le paternel et son principe

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