Mensuel 028 – Novembre 2007

Introduction

Par Françoise Josselin

Le thème des Journées nationales 2007 : « L’identité en question dans la psychanalyse » se décline tout au long de cette année dans les Forums. Nombreux sont les pôles qui ont organisé rencontres, demi-journées, journées, soirées : Rennes, Le Havre, Paris, Reims, Bordeaux, Pau, Tarbes, Nîmes, Grenoble, Clermont-Ferrand.
Au terme de ce travail préparatoire, nous pouvons mieux identifier ce terme d’identité, signifiant qui traverse tous les discours et dont Lacan a dénoncé le fallace dès le début de son enseignement : de la différence qu’introduit le signifiant à la différence absolue que vise la psychanalyse, des identifications qui n’identifient pas à l’iden- tification au symptôme, du symptôme comme nom propre, comme marque au symptôme comme lettre. Pour Lacan, « l’identité pure c’est l’objet a », référence qui centre le travail de Géraldine Philippe.

Colette Soler rappelait, lors de l’après-midi organisée par le pôle14 sur les rapports de la langue et de l’identité, que si le névrosé doute de son identité, le paranoïaque, lui, a une certitude sur son identité, tandis que le schizophrène se morcelle en plusieurs et que l’autiste n’en a pas.
Quant au transsexuel, comme le déplie Albert Nguyên, sa certitude est que son état civil n’est pas en adéquation avec ce qu’il ressent. La réponse « transgenre », face au réel du sexe et à l’absence de rapport sexuel, a valeur de sinthome : une identité « réelle » qui passe par le bistouri.
Irène Foyentin note qu’on trouve chez Lacan non pas le terme d’identité sexuelle mais celui d’identification sexuée. Nadine Naïtali interroge, à partir de la clinique, l’identité sexuelle dans la sexualité infantile.

Le seul nom d’identité du sujet, son vrai Nom propre, c’est le symptôme. Non pas le symptôme comme anomalie, précise Colette Soler, mais la fonction qui noue corps, jouissance et inconscient. Elle souligne que Lacan a glissé des Noms du Père au Père du Nom en en faisant la preuve par Joyce qu’il a nommé « Joyce, le symptôme ».

Michel Berlin reprend le séminaire de Lacan sur Joyce en s’appuyant sur un travail antérieur de Colette Soler sur la « nou(e)mination », la nomination à effet de nouage, qui permet à Joyce de se faire un nom, de se construire un corps – lui qui n’en a pas en raison de la dérive de l’imaginaire – avec l’ego particulier de son écriture pour clipper I à R et à S. Clinique borroméenne que Françoise Rich suit à travers la lucidité mélancolique de Virginia Woolf qui doit inlassablement construire l’habillage du faux-être au fil d’une écriture lisse à l’extrême.

Claire Harmand développe le trajet de Lacan de l’identité d’aliénation à l’identité que Colette Soler a nommée « identité de séparation ».
Mais un nom propre est toujours solidaire du lien social, car il n’y a pas d’autonomination. Michel Bousseyroux revisite de très près le cas célèbre de Sergéi Petrov qui s’est autonommé Wolfsmann, l’Homme aux loups. La thèse qu’il avance est que cette autonomination authentifiée par Freud lui a permis un nouage borroméen du réel.
Sidi Askofaré reprend le thème de « L’identité en question dans [et par] la psychanalyse » qui doit tenir compte de son articulation avec les autres discours, en particulier le discours du maître (la politique) et le discours universitaire (la religion). Le discours de la science, bien qu’il s’oriente vers le réel, forclôt la vérité, à la différence du discours analytique.

L’intérêt d’un croisement des discours s’est retrouvé à la journée de Bordeaux où étaient invités des professeurs de droit, de lettres, de philosophie sur le thème Identités-Identité.

De même, aux Journées nationales des 1er et 2 décembre, se tiendra une table ronde sur l’identité sociopolitique avec l’historienne Nicole Lapierre, qui s’est penchée sur la problématique du changement de nom ; avec Gérard Noiriel, professeur de sociologie qui est une référence en matière d’immigration, ainsi qu’avec Fehti Benslama, psychanalyste. Nous rencontrerons aussi, dans la matinée du samedi, Axel Kahn, professeur de biologie, sur la question de la différence des sexes.
Autre rencontre, d’un autre type : nous avons invité, pour la deuxième fois, l’association d’art-thérapie, « Anamorphose », pour une exposition-vente. Une œuvre collective est en préparation… surprise !

Sommaire

Françoise Josselin : Introduction

L’identité en question dans la psychanalyse

Réunions préparatoires dans les pôles aux journées de décembre 2007
Colette Soler : Les Noms de l’identité
Michel Bousseyroux : Identité : l’Homme aux loups, le passeport du fantasme
Sidi Askofaré : L’identité au temps du discours de la science
Géraldine Philippe : L’identité, question de savoir
Philippe Madet : Identité-identités
Claire Harmand : L’identité, issue du nouage de différences ?
Nadine Naïtali : De l’organe au phallus : l’identité sexuelle en question dans la sexualité infantile
Irène Foyentin : Quelques notations sur l’identité dite sexuelle

Travaux des cartels
Michel Berlin : La nou(e)mination

Chroniques
Lecture
Nicole Rousseaux-Larralde : Dans la nuit de Bicêtre, de Marie Didier