Qu’est-ce qu’on paye en psychanalyse ?
Présentation du thème des Journées nationales 2022 par Marc Strauss
Il me faut d’abord remercier le Conseil d’Orientation de m’avoir offert la charge de nos prochaines journées annuelles, qui auront lieu à la Maison de la chimie. Ça ravira les nostalgiques, dont je fais partie en l’occasion. C’était devenu un « running gag » : depuis des lustres, à chaque fois que cherchions le thème pour les journées suivantes, je proposais l’argent et tout le monde riait. Maintenant que je ne fais plus partie des instances décisionnelles, on me propose le truc. Vous en convenez, j’aurais eu mauvaise grâce de faire la fine bouche…
Que paye-t-on en psychanalyse ?
Comme partout quand on paye : un certain prix… Mais aussitôt l’équivoque de la langue nous rappelle qu’il y a des prix ne se payent pas, mais qui se gagnent, à l’issue en général d’une compétition. Et ce prix gagné a d’autant plus de valeur que l’effort pour l’obtenir a été plus âpre, qu’on y a mis un plus grand prix en sacrifices physiques, mentaux et aussi bien sûr matériels. Même le savoir, pour en jouir, il faut se l’être fait entrer durement dans la peau, nous rappelait Lacan dans le Séminaire XX, Encore.
Est-ce que le prix gagné fait oublier le prix payé et les peines qu’il a exigées, auxquels rien qui soit de l’ordre du besoin n’obligerait ? C’est qu’en plus des besoins nous avons un surmoi, qui nous harcèle pour que nos vies aient un sens, ou au moins nous soient présentables à notre miroir. En même temps, c’est grâce à ce surmoi qu’on trouve un plaisir certain à faire des efforts, pour ne pas parler d’exploits.
Alors, qu’est-ce qu’on paye dans une analyse, qu’y achète-on et à quel prix, qui serait différent de ce qu’on paye dans la vie normale ? Car, Freud l’a rappelé, à propos de Lear je crois, il n’y a rien de gratuit dans cette vie. Bien sûr, nous avons coutume de dire qu’il vaut mieux payer dans une analyse en argent sonnant et trébuchant que dans sa vie quotidienne, à travers symptômes et actings fâcheux.
Sollicité par ma nouvelle tâche, j’ai donc été voir l’étymologie de payer : ça vient du latin pacare qui veut dire faire la paix. Le mot aurait été, je cite le TLF : « …transféré à la basse époque au domaine moral au sens de «satisfaire, apaiser», d’où le sens développé dans les langues romanes de «satisfaire, apaiser avec de l’argent» ». Achèterait-on alors dans une analyse la paix, qui serait un autre nom de la satisfaction de fin tant commentée ces derniers temps parmi nous ?
On peut payer pour acquérir quelque chose, comme je viens d’en donner l’exemple, mais on peut aussi payer pour s’acquitter d’une dette ; Antonio, Le Marchand de Venise en est pour nous l’incarnation théâtrale. De surcroît et plus souvent qu’à son tour, la dette a pu être contractée par les générations précédentes, Ernst Lanzer, dit l’homme aux rats, tout empêtré qu’il est dans son scénario délirant de remboursement du lorgnon, en est pour nous l’incarnation clinique. Enfin, à l’inverse, si le désir est une quête, ne paye-t-on pas à la commande une livraison anticipée, et qui n’est jamais que supposée, avec le risque de se faire arnaquer… ?
L’image de ticket d’entrée de la Proposition ajoute l’idée qu’il faut payer pour prendre part à l’expérience d’une analyse. Lacan le dit déjà dans ses Remarques sur le rapport de Daniel Lagache : « C’est là un champ où le sujet, de sa personne, a surtout à payer pour la rançon de son désir. » La rançon, ça renvoie évidemment au prisonnier, nous n’insisterons pas sur ce point…
Mais nous aurions tort d’oublier que l’analyste paye également, son écot dit Lacan dans la Direction de la cure, p.587 : « Disons que dans la mise de fonds de l’entreprise commune, le patient n’est pas seul avec ses difficultés à en faire l’écot. L’analyste aussi doit payer… » On le sait, Lacan en décline trois formes : de mots, de sa personne, enfin de son jugement le plus intime.
Chez l’un donc le prix en livre de chair, chère chère livre de chair, pour une castration que l’on espère métaphorisée ; chez l’autre le prix en réduction au signifiant quelconque pour son « désêtre » en acte. Entre les deux, quelle est la place et la fonction de l’argent ? Cet argent que Lacan qualifie dans « La lettre volée » de « signifiant le plus annihilant qui soit de toute signification » ?
Or, nous sommes à une époque où le marché commande de façon croissante à nos liens, mais où l’argent fiduciaire, dit plus couramment liquide, est voué à disparaître. En même temps, les soins et le bien-être passent pour être dus gratuitement à chacun. L’argent a-t-il alors la même fonction dans la cure que du temps de Freud et de Lacan ?
Parmi toutes les questions et méditations auxquelles nous invite pour l’année à venir ce thème, et pour conclure par le psychanalyste : l’accès à son désir a-t-il un prix spécifique au regard de ce que nous pourrions appeler le désir tout court, celui qui court et ne cesse de courir ? Et indépendamment de sa pratique, la vie du psychanalyste n’a-t-elle pas elle-même un prix spécifique ?
Entretiens vidéo
- avec Paul JORION
- avec François JULLIEN
- avec Mireille BRUYÈRE
Billets
Les Billets sont des textes rédigés par les membres de la commission scientifique des journées.
- Jacques Tréhot, Qu’est-ce qu’on paye dans une (psych)analyse ? (billet no1 paru dans le Mensuel no160)
- Anastasia Tzavidopoulou, L’analyste, mendiant du désir (billet no2 paru dans le Mensuel no161)
- François Terral, Payer pour perdre (billet no3)
- Claire Parada, Pour quoi ? du plus au moins (billet no4)
- Marie-José Latour, Billet argentin ! (billet no5)
- Mireille Scemama, De la gratuité au paiement, une logique ? (billet no6)
- Elisabeth Thamer, Pas de prix pour Socrate (billet no7)
- Frédéric Peillon, Déflation (billet no8)
- Marc Strauss, Billet (billet no9)
Miscellanées
Les Miscellanées sont des courtes contributions non signées sur thème des journées. La liste alphabétique de leurs auteurs sera diffusée une semaine avant ces journées.
MISCELLANÉE N°1
Lacan dans sa Direction de la cure en 1958 a dit ce qu’on paye dans une analyse : une rançon. Elle doit racheter un vouloir fondé en vérité : « un champ où le sujet, de sa personne, a surtout à payer pour la rançon de son désir. Et c’est en quoi la psychanalyse commande une révision de l’éthique. » On paye donc pour libérer un désir emprisonné dans une jouissance que la névrose fixe. Il ne s’agit pour autant ni d’atteindre à un désir pur ni de sacrifier toute jouissance, seulement celle qui se voudrait toute. Une soustraction qui n’est rien certes, mais n’est pas rien. Et qu’est-ce qui fait alors le prix de celle qui reste, si ce n’est rien ?
MISCELLANÉE N°2
« Par contre, je ne saurais ne pas m’arrêter au fait que quand SOCRATE désire obtenir sa propre réponse, c’est à celui qui n’a aucun droit de faire valoir son désir, à l’esclave, qu’il s’adresse, et dont – cette réponse – il est assuré toujours de l’obtenir. »
De même que Socrate quand il cherche à savoir quelque chose en propre ne s’adresse pas à un maître, mais à l’esclave qui ne lui répondra pas selon son désir, l’analysant s’adresse à l’analyste qui a chance de répondre du fait de suivre une éthique, où il ne fera pas valoir son désir de sujet. L’analysant paye pour que le temps de la cure, l’analyste renonce en outre à son être de jouissance et soit au service du désir du sujet (inconscient de l’analysant) qui est à élucider dans sa structure.
Ce qui laisse la question de ce qui pousse l’analyste à consentir à prendre de son plein gré cette place au prix de son désêtre !
Lacan J., Séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, séance du 17 juin 1964.
MISCELLANÉE N°3
« Le savoir […] n’est pas le travail. Cela vaut quelquefois du travail, mais peut aussi vous être donné sans. Le savoir à l’extrême, c’est ce que nous appelons le prix. Le prix s’incarne quelquefois dans de l’argent, mais le savoir aussi, ça vaut de l’argent, et de plus en plus. C’est ce qui devrait nous éclairer. Ce prix est le prix de quoi ? C’est clair – c’est le prix de la renonciation à la jouissance. »
J. Lacan, Le Séminaire Livre XV, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, leçon du 20 novembre 1968, p. 39.
MISCELLANÉE N°4
« Chacun sait que l’argent ne sert pas simplement à acheter des objets, mais que des prix qui, dans notre civilisation sont calculés au plus juste, ont pour fonction d’amortir quelque chose d’infiniment plus dangereux que de payer de la monnaie, qui est de devoir quelque chose à quelqu’un. »
J. Lacan, Le Séminaire Livre II, Paris, Seuil, 1980, leçon du 26 avril 1955, p. 23
MISCELLANÉE N°5
Il envoie un message à sa femme : pour régler ses séances il a dû procéder à un virement depuis leur compte commun. Mais ce message est arrivé à une collègue de travail qui ne le laisse pas indifférent… Il est vrai que la première syllabe de leur prénom est la même, alors dans sa liste de contacts, et bla et bla.
Déclaration d’amour où la pulsion prend sa part, ou attachement obstiné au service des biens dans l’économie domestique ? D’ailleurs, faut-il les opposer ?
MISCELLANÉE N°6
Extrait d’un cheminement
En prenant connaissance du thème de nos Journées : « Qu’est ce qu’on paye en psychanalyse ? », j’attrape au vol l’association qui me vient : « La bourse ou la vie ». Cette sommation dite par « des bandits de grands chemins » d’une autre époque, que vient-elle dire ?
J’ai découvert que Lacan avait éveillé notre attention avec la même mise en demeure pour y évoquer l’aliénation du sujet, le choix forcé. « Si on choisit la bourse on perd les deux, si on choisit la vie, j’ai la vie sans la bourse, à savoir une vie écornée ». Il faudrait donc compter sur une perte.
Si on a eu chance du bon heurt, de la bonne rencontre sur le chemin dans lequel on s’engage sans savoir, avec les tours et les tours-dits déposés, on finit enfin d’accepter le prix à payer de ce qu’on a perdu en chemin. Alors, qui perd gagne ? À la bonne heure…
MISCELLANÉE N°7
Pierre Rey dit poser à son analyste, Jacques Lacan, cette question: « ça existe, l’âme ? » et ce, sans vraiment attendre de réponse. Il eût cependant droit à cette réponse: « La psyché, c’est la fracture, et cette fracture le tribut que nous payons parce que nous sommes des êtres parlants. »
Pierre Rey poursuit « À quelle fracture faisait il allusion ? Quel rapport entre un tribut et le langage ? Et comment le fait d’avoir qualité « d’être parlant » impliquait-il en corollaire la notion de « tribut » ? Un tribut pour payer quoi ? Quelle dette ? Quelle faute ? »
MISCELLANÉE N°8 — BRÈVE DE SÉANCE : ALL INCLUDED
C’est l’histoire d’un grand-père longtemps travailleur de la banque, puis vivant de ses rentes. Au seuil de sa vie, il aime à réunir enfants et petits-enfants et leur offrir un séjour de rêve. Cette fois le choix s’est tourné vers la formule « all-included » : une semaine dans les Îles en famille…
C’est la fête, l’excitation d’être ensemble, l’alcool qui coule à flot, entre-coupé d’excursions extra-ordinaires.
Mais des fontaines du All remonte la tempête : l’analysante voit son scénario fantasmatique se lever quand son nouvel ami devient le compagnon de bringue du père ; elle se retrouve « mise de côté » et lui rappelle « y a des limites ! » Ce dernier, au passé personnel et familial concerné par ce fait, ne peut que lui retourner : « à ton fils mineur… tu ne trouves rien à dire ». La séance s’arrêtera sur ses mots : « on ne va pas refaire l’histoire » d’où elle s’entreverra « prise au piège ».
All-included : le contraire d’un prix qui paye
MISCELLANÉE N°9 — SUR LA GRATUITÉ DU TRAITEMENT
Selon Freud, la gratuité du traitement renforce les résistances du patient et les tentations que suscite le transfert 1. L’argent qui circule dans une cure n’est-il pas, entre autres, le substitut du commerce des corps, qui payerait l’abstinence physique pour instituer le lien d’amour sur le seul plan de la parole de transfert – où elle pourrait gagner à être entendue ?
MISCELLANÉE N°10
Qu’est ce qu’on paye en analyse ? Et après, qu’est ce qu’on paye en école ? Tant, tant, tant de contributions pour… continuer à payer l’accès au désir ? s’acquitter de la jouissance du blabla analysant ? ou, ne serait-ce pas tant qu’on paye, encore et toujours, et souvent pour s’en plaindre, mais plutôt qu’on se paye ? À condition, peut-être, que de sa propre analyse on ait pu dire « alors ça, c’est impayable ! », comme on le dit d’une chose unique et excellente en son genre.
MISCELLANÉE N°11 — ANALYSTE PAR PUR PLAISIR ?
Je reçois depuis quelques semaines, à mon cabinet, une jeune femme qui est dans une situation très précaire tant sur le plan psychique qu’économique. Je tente au départ de l’orienter sur un dispositif de soin gratuit mais elle refuse et insiste pour entamer un suivi ici. Par la suite, elle va partir régulièrement sans payer, sans en dire un mot ou alors en précisant qu’elle me paiera la prochaine fois. Ce qu’elle va effectivement faire, dès qu’elle le peut. Après plusieurs séances, elle se risque à me faire part de l’ébauche d’une construction délirante. Elle n’avait pas osé en parler jusque-là, craignant que je sois de ceux qui ne peuvent pas savoir ou qui ne veulent pas savoir. Elle, avec certitude, elle sait. Cette théorie met en avant des forces diaboliques qui prennent la forme de milliardaires agissant contre le monde par intérêt mais aussi par pur plaisir.
Vient la fin de la séance, le moment du paiement. Elle part encore ce jour-là sans payer et sans rien en dire. Il me faudra donc être attentif, éviter qu’elle puisse imaginer que je n’ai pas besoin qu’elle me paie, histoire de ne pas basculer dans le camp des milliardaires.
Si le « pur plaisir » est ici un des noms de la jouissance menaçante de l’Autre, le paiement peut être, en partie, un moyen pour le sujet de s’en prémunir.
MISCELLANÉE N°12 — ÇA COÛTE LE CINÉMA
Un écran noir.
En off :
–– J’veux faire un film (voix masculine)
–– Pour faire un film, faut d’l’argent
(voix féminine)
Tout va bien de Jean-Luc Godard s’ouvre sur un gros plan inlassablement répété : une série de chèques – listant les postes nécessaires à la fabrication d’un film – qu’une main quasi invisible signe et détache.
Ça coûte le cinéma.
Et la psychanalyse ?
Déterrer le script, lire le film (du vieil anglais filmen : membrane, peau, support d’une impression), ça coûte un bras, pour ne pas dire la peau des fesses, mais on parie que ça finira bien par coûter moins cher que de se faire des films.
MISCELLANÉE N°13 — L’ODEUR DE L’ARGENT !
Alors qu’une amie lui offre comme cadeau de vacances un superbe savon artisanal, lui revient en mémoire ce souvenir d’enfance : sa grand-mère tenait une parfumerie dans laquelle il aimait se cacher pendant les congés scolaires. Elle vendait aussi des savons de luxe qui avaient un parfum subtil et envoûtant.
Et lorsque cette grand-mère offrait un petit billet pour une fête ou un anniversaire à ses petits enfants, elle le plaçait toujours dans une boite qui avait contenu auparavant un savon. Elle aimait ainsi à dire que l’argent avait une bonne odeur !
Grâce à elle maintenant nous le « savons » bien, car « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend 2 ».
MISCELLANÉE N°14 — ON PARLE, ON RÊVE
On parle, on rêve ; c’est comme ça, agréable ou pas. Freud l’a démontré, Lacan l’a décliné sur tous les tons. Mais vient le moment, inévitable, où l’argent change de main, et ça réveille. Là on ne rêve plus, on compte — de tout le poids d’une parole qui ne s’autorise que d’elle-même.
MISCELLANÉE N°15 — ANALYSTE PAR PUR PLAISIR ?
Je reçois depuis quelques semaines, à mon cabinet, une jeune femme qui est dans une situation très précaire tant sur le plan psychique qu’économique. Je tente au départ de l’orienter sur un dispositif de soin gratuit mais elle refuse et insiste pour entamer un suivi ici. Par la suite, elle va partir régulièrement sans payer, sans en dire un mot ou alors en précisant qu’elle me paiera la prochaine fois. Ce qu’elle va effectivement faire, dès qu’elle le peut. Après plusieurs séances, elle se risque à me faire part de l’ébauche d’une construction délirante. Elle n’avait pas osé en parler jusque-là, craignant que je sois de ceux qui ne peuvent pas savoir ou qui ne veulent pas savoir. Elle, avec certitude, elle sait. Cette théorie met en avant des forces diaboliques qui prennent la forme de milliardaires agissant contre le monde par intérêt mais aussi par pur plaisir.
Vient la fin de la séance, le moment du paiement. Elle part encore ce jour-là sans payer et sans rien en dire. Il me faudra donc être attentif, éviter qu’elle puisse imaginer que je n’ai pas besoin qu’elle me paie, histoire de ne pas basculer dans le camp des milliardaires.
Si le « pur plaisir » est ici un des noms de la jouissance menaçante de l’Autre, le paiement peut être, en partie, un moyen pour le sujet de s’en prémunir.
MISCELLANÉE N°16 — DU PIRE AU PRIX
Une patiente en proie à des scénarios catastrophiques portant sur sa progéniture chérie énonce :
- Quelque part j’envisage toujours le prix, dit-elle puis, se reprend sur ce lapsus pour dire « le pire ». En fait, c’est comme si, si cela arrivait alors cela m’atteindrait moins…
- Le prix ? dis-je.
- Le prix à payer c’est de vivre dans ces états d’angoisse… tout le temps.
Enfant, j’attendais toujours le pire
Je n’y gagne rien pourtant, je perds …
Je ne sais pas comment nettoyer tout ça…
Ma mère me disait toujours quand on rit le matin, on pleure le soir… Je demande à mes filles de ne pas chanter le matin.
La contingence du lapsus vient ouvrir sur, ce qui du réel de la pulsion de mort fait rage, mais dans ce qui s’entend cela révèle, à son insu, qu’elle a choisi le prix d’une analyse… du pire au prix, jeu de lettres pour parer à la jouissance mortifère du dire maternel.
Alors finalement dans l’analyse, ne s’agit-il pas de payer le prix pour éviter le pire ?
MISCELLANÉE N°17 – À PROPOS DE L’AUMÔNE
Le thème de nos prochaines journées nationales 2022 m’a renvoyé à certaines situations auxquelles nous sommes régulièrement confrontés : la présence au cœur de la cité de sujets exclus du système. De tous âges, seuls ou accompagnés d’enfants ou même d’animaux, ils exposent à ciel ouvert leur misère, la main tendue vers le passant. Le mendiant fait la manche afin de glaner de l’argent pour vivre.
Dans les récits les plus anciens, les mendiants ont toujours existé. La mendicité convoque chez le sujet lambda la pitié, la charité, l’élan vers un autre inconnu qui souffre. La scène est inattendue et tombe par surprise.
Il s’agit bien de la rencontre soudaine entre deux parlêtres anonymes, de l’un qui se trouve à son insu contraint à agir, et de l’autre qui implore une réponse. Ce dernier, le mendiant, introduit une inégalité entre les deux sujets en attribuant à l‘autre le pouvoir de décider de l’issue de la situation.
Par ailleurs, certains auteurs soulignent : « tel l’analyste qui devient un déchet pour provoquer le désir chez l’analysant, le mendiant pourrait incarner la figure de ce déchet qui incite l’autre à se saisir de la demande ».
« L’aumône », nous indique le dictionnaire, est « un don de faible valeur que l’on fait à celui qui se trouve dans la misère ».
Freud, ainsi que Lacan, abordent la question du don comme une notion clé dans la vie psychique. Freud le lie à la notion de renoncement qu’il situera aux fondements de la culture et de la société mais également à la phase de l’érotisme anal. Carina Basualdo cite Freud : « l’excrément est le premier cadeau de l’enfant ». La mère va lui répondre avec un prix à l’effort de l’enfant. L’équivoque du prix convoque la notion de paiement, donc d’une dette, qui peut signifier le prix à payer par l’enfant pour avoir la reconnaissance de la mère.
Lacan aborde le don en premier lieu à partir de la notion d’objet. Le sujet aliène son désir dans un objet qui porte la jouissance de l’autre. Plus tard, il explique l’introduction du sujet dans la symbolique du don par le phallus qui se trouve à la base de la théorie de l’objet en tant que manque.
Toutes ces considérations au sujet de l’aumône posent la question de la gratuité dans cet acte. Cependant, au-delà de ce constat, il y a d’autres questions qui se posent dans la rencontre entre ces deux parlêtres. La question qui en découle est : est-ce que faire l’aumône peut représenter un « paiement » dans la mesure où il peut s’agir de s’acquitter d’une dette ? de quelle dette pourrait-il s’agir ?
À une époque où les écarts sociaux se creusent, et où la précarité devient de plus en plus visible, il semblerait que la question ouvre un champ d’investigation à prendre en compte pour se saisir du discours qui anime la vie de la cité aujourd’hui.
Bibliographie :
– Estéban Radiszcz, Donner ce qui n’est pas à donner : y a-t-il un matérialisme du don ?, Dans Savoirs et clinique 2013/I (n°16).
– Jacques Lacan, Le Séminaire, livre V, Les formations de l’inconscient, Paris. Editions du Seuil.
– Jacques Lacan, Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris. Editions du Seuil, 1986.
– Carina Basualdo, « Pour une psychanalyse du don », dans la Revue du Mauss, 2008/2, (n°32)
Coupures
Les Coupures sont des textes des membres des cartels éphémères sur le thème des journées.
COUPURE N°1 — ASSURANCE VIE
Ça fait mal une coupure, enfin ça dépend.
Y’ en a pour qui ça fait moins mal qu’une douleur morale. Payer de sa chair.
Y en a pour qui ça va faire mal au porte-monnaie ! Le je n’en veux rien savoir… du savoir en jeu…
Rien ne va plus…
Y a les psychanalystes qui se lamentent… Déprime sur le marché. Pauvre psychanalyse. Pauvres psychanalystes, rebuts…
Coupable d’avoir un corps, coupable d’être parlant… Les je(ux) sont faits ?
L’analysant dé-pense, paie des paroles, paie le silence
L’analyste coupe… et encaisse…
— Nadine Cordova, 20 février 2022
COUPURE N°2 — ARGENT SALE
Une fois n’est pas coutume, l’argent occupe une place de choix dans un texte de Freud, le premier des « Deux mensonges d’enfants »3. Dans cette courte vignette clinique de 1913, il met à jour dans les fantasmes de sa patiente la valeur érotique de l’argent qu’un mensonge inaugural vient recouvrir. Des motifs de la demande d’analyse de la jeune femme, on ne sait rien ; l’observation, épurée, se concentre essentiellement sur la signification de l’argent, objet central de son économie psychique. On en découvre la logique inconsciente à travers trois souvenirs infantiles qui répondent à différents temps du trauma, où se fixe pour la fillette le sens de l’argent, entre sexe, mensonges et trahisons.
Monnaie des échanges érotiques entre sa bonne et le médecin, circulant sous ses yeux complices et jaloux, l’argent devint très tôt pour elle l’équivalent symbolique du don d’amour et le substitut matériel de la jouissance des corps. Et Freud de rappeler à la fin du texte qu’il faut compter avec l’érotisme anal, à la source pulsionnelle de l’intérêt pour l’argent.
Monnaie à tout faire, l’argent de son enfance achètera aussi son silence, des friandises consolatrices, et plus tard, dérobé au père qui le lui a refusé, des couleurs pour peindre ses œufs de Pâques.
Pour la fillette devenue femme, demander, prendre ou recevoir de l’argent représentent des actes sinon à connotation délictueuse, du moins colorés d’interdit, entachés de saleté, infiltrés de jouissance. Mais n’est-ce pas, au-delà du cas singulier de notre petite menteuse, l’affaire de chacun ? Le tabou sur l’argent, qui prend ici la voie élective du mensonge, n’est-il pas toujours l’effet de la honte, celle liée à la jouissance pulsionnelle et aux fantasmes en jeu dès que, de cet argent, on fait usage ? Comment cette jouissance honteuse et parfois ruineuse4] est-elle, pour chacun, négociée en analyse ? Car elle l’est forcément d’une façon ou d’une autre si, dans une analyse, il faut bien payer.
Il est amusant, à ce propos, de voir ce qui circule, ce qui s’échange, ou pas, entre Freud et sa patiente. Si les fleurs qu’elle lui offre, cadeau dont le refus de Freud réitère douloureusement le dédain du père, embaument un parfum incestueux, que dire de l’argent, le sien, qu’il lui fait promettre d’accepter pour la sortir de ses difficultés financières, confondant l’objet du besoin et son au-delà ? A son tour à elle d’y opposer un refus, se dérobant ainsi à la demande de l’Autre et préférant « engager ses bijoux », ce qui n’est pas rien, plutôt qu’entretenir avec Freud un commerce illicite. En quoi elle nous enseigne que le cadeau qu’elle lui offre ne doit pas être monnayé en retour, et que c’est autre chose que donne l’analyste quand il paye de sa personne5. Question qui, à l’époque même de ce petit texte, préoccupait d’ailleurs beaucoup Freud et ses disciples dans leurs débats houleux sur le contre-transfert : qu’est-ce que l’analyste doit donner, ou pas, à son patient ?
— Vanessa Brassier
COUPURE N°3 — LA QUESTION DU PAIEMENT DANS LA CURE DE L’HOMME AUX LOUPS
Ce cas princeps nous instruit, dans ses impasses et ratés, sur la place complexe de l’argent dans le transfert en fonction d’une structure clinique, ici du patient Sergueï à Freud, via le père, ainsi que sur la réponse de l’analyste et de ses effets. Mais aussi, sur la conjoncture du paiement et la place de l’argent dans une époque donnée.
Dans son article de 1913 sur « Le début du traitement », Freud préconise d’aborder les questions d’argent « avec autant de franchise naturelle qu’il en exige lui-même de son patient en ce qui touche à la sexualité.6 » C’est qu’en effet, à ses yeux, argent et sexualité sont liés, comme en atteste sa conception de l’érotisme anal. Il déconseille aussi de pratiquer des traitements gratuits, invoquant « le dur travail » de l’analyste et conclut ce développement par ce constat plein d’humour : « Rien n’est plus onéreux dans la vie que la maladie – et la sottise.7 ».
En 1918 cependant, dans son texte « Les voies nouvelles de la thérapeutique psychanalytique », il émet le souhait que des centres de consultations pour pauvres, donc gratuits, avec des médecins formés à la psychanalyse soient ouverts, donnant là une position politique à la psychanalyse.
C’est avec l’Homme aux Loups que Freud pratiquera en 1919 une deuxième tranche d’analyse gratuite dont les résultats furent, on le sait, problématiques.
Commencée en 1910, la première tranche de la cure est arrêtée en 1914. Le patient rentre précipitamment en Russie où la Révolution lui a fait perdre sa fortune. Il en veut à Freud de l’avoir retenu à Vienne pour son analyse, ce qui ne lui a pas permis de rentrer plus tôt pour s’occuper de ses affaires.
En 1919, quand il revient voir Freud, il est ruiné. C’est l’époque où il développe son symptôme hypocondriaque du « trou sur le nez », ce qui indique qu’il a déjà décompensé sa psychose. Freud décide en 1920 de lui octroyer une bourse annuelle pendant six ans, avec de l’argent collecté auprès de psychanalystes et lui propose une tranche d’analyse gratuite, « ce qui, remarque M. Bousseyroux, entretient le fantasme paranoïaque non seulement d’être le fils chéri, mais aussi d’un rapport monnayé avec le père8 ».
Le délire d’être le fils chéri du père, que la gratuité corrobore, fut analysé plus tard par Ruth Mack Brunswick.
À cette tranche d’analyse gratuite, se rajoute l’idée d’un don intellectuel du patient au sujet de la publication de son cas en 1918, et plus tard, en 1926, lorsque Freud, dans une querelle avec Otto Rank, lui demande par écrit d’attester de la véracité de son rêve des loups.
Qui paye ? qui est en dette ? et de quoi ?
— Ghislaine Delahaye
COUPURE N°4 — LE COÛT DE PAYER
Nos Journées nationales 2022 « Qu’est-ce qu’on paye en psychanalyse ? » nous proposent entre autres moments de réflexions des « Billets » et des « Coupures ».
À la demande des responsables de nos Journées, je suis concernée par une « Coupure », et pour cela, je vous invite à m’accompagner quelques instants, pour aller voir un peu ce qui se passe en dehors des nos cabinets.
Il y a plusieurs années, j’attendais de passer en caisse dans un magasin de jouets.
Devant moi, une petite fille tenait d’une main une minuscule poupée (très à la mode à l’époque), et de l’autre un tout petit portefeuille coloré et fleuri.
La petite fille semblait ravie et très excitée par sa poupée.
Arrivée à la caisse, la petite fille était déjà moins joyeuse. Elle donna sa poupée à la caissière qui réclama la somme correspondante à sa valeur.
L’enfant regarda sa mère, qui lui confirma qu’il fallait payer.
La petite fille ouvrit alors son petit portefeuille et commença à donner une à une toutes ses piécettes à la caissière.
Dès les premières pièces données, les larmes envahirent son visage, pourtant si joyeux quelques instants avant…
Les larmes ne s’arrêtèrent que lorsque son portefeuille fut vide et qu’elle récupérât sa chère (c’est le cas de le dire…) minuscule poupée.
La caissière était restée stoïque (ainsi que la maman) et, dans son silence, semblait avoir doublement encaissée : d’une part la valeur de la poupée… et de l’autre le désarroi de la petite fille.
J’avais suivi encore du regard la petite fille. Juste après le « sacrifice douloureux » d’avoir perdu tout son l’argent pour accéder à sa poupée si désirée, elle avait retrouvé le sourire et la joie.
Désormais, elle tenait d’une main son objet précieux et de l’autre la main de sa maman avec qui elle échangeait joyeusement.
La petite fille ne savait pas encore… que cet objet qui lui était si précieux et si cher, ne serait pas le dernier…
— Sylvana Clastres
COUPURE N°5 — WITZ ET CAPITALISME
Freud emploie la métaphore du capitaliste, le désir inconscient, volontiers infantile, qui fournit ses moyens à l’entrepreneur, les restes diurnes, avec diverses variantes, pour la formation du rêve9, voie royale de l’inconscient. Il souligne aussi la valeur de lien social du Witz10. Le Witz nécessite un tiers, la Dritte Person, entre l’émetteur et le récepteur. Ce tiers est personnifié par la femme concernée par le Witz grivois. Et Lacan identifie ce tiers dans le grand Autre comme lieu du code. Il n’y a pas de Witz solitaire. L’Autre authentifie le Witz par son rire et il sera colporté dans une circulation qui détermine un lien social. Quant à l’éclat de rire, il marque l’économie d’énergie psychique du Witz liée à l’élision signifiante et à l’extraction d’un Lustgewinn, un gain de plaisir, un plus-de-jouir, où Lacan reconnaît l’objet a11, à partir d’une jouissance symptomatique, à partir d‘un « bon gros jouir12 ».
Lors du séminaire Les formations de l’inconscient13, Lacan prend la voie royale du Witz et il la suit à nouveau lors du séminaire D’un Autre à l’autre14. Il l’articule au capitalisme et à Marx à ces deux occasions.
Le 27 novembre 1957, Lacan, étudiant le Witz du « veau d’or » reprend l’élision soulignée par Freud qu’il inscrit dans la dimension métonymique de soustraction de sens qu’implique la logique métaphoro-métonymique du Witz. Il y retrouve le canevas marxiste du passage de la valeur d’usage à la valeur d’échange qui implique une perte considérable de sens, un dé-sens, comme pour le Witz grivois, un peu-de-sens. Toujours à propos du Witz du « veau d’or », Lacan souligne la valeur fétiche de l’or, relative à l’immixtion de l’imaginaire de l’idolâtrie dans le symbolique, fonction fétiche qui elle aussi relève de la métonymie et évoque Marx.
En 1968-1969, Lacan reprend la voie du Witz. Il retrouve ses premiers souvenirs de lecture du Capital, où le rire du capitaliste découvrant l’embrouille de ne payer un salaire qu’en fonction des moyens nécessaires à la survie de l’ouvrier introduit le « gag foncier » d’une nouvelle valeur : la plus-value. « Ce trait qui semble superflu \[le rire du capitaliste\], dit Lacan, c’est là pourtant ce qui m’avait frappé au temps de ces bonnes premières lectures. Il m’avait paru dès lors que ce rire se rapportait proprement au dévoilement à quoi Marx procède à ce moment-là, de ce qu’il en est de l’essence de la plus-value. \[…\] Le sursaut, le choc, l’un-peu-plus-un-peu-moins, le tour de passe-passe, le passez-muscade qui vous saisit au ventre dans l’effet du mot d’esprit, tout cela tourne toujours autour du rapport foncier du rire et de l’élision.15 » Élision de la fonction de la plus-value ici.
Lacan met ainsi en évidence la fondamentale homologie de la plus-value, Mehrwert, et de l’objet a, rebaptisé plus-de-jouir, Mehrlust, lié au Lustgewinn du Witz.
Entre le sujet du capitalisme et l’Autre du marché se déploient le « secteur tertiaire » (la Dritte Person) des signifiants qui colportent la « douce rigolade » du famillionnaire et ce sujet représenté par la valeur d’échange auprès de la valeur d’usage perd la plus-value qui choit de ce processus. On reconnaît là le discours du Maître qu’un léger décalage transformera en discours capitaliste excluant la castration, discours sans frein qui se consume et se consomme16.
Quelles en sont les conséquences pour la psychanalyse ?
— Muriel Mosconi ; cartel éphémère « Intérêt et limite de la gratuité »
COUPURE N°6 — L’ÉTRANGE PLAISIR DE PERDRE
La scène se passe dans un café bien typique d’une petite station balnéaire de la Riviera dei Fiori, peu touristique hors saison. Pour gagner les toilettes au fond d’un couloir étroit, je dérange un homme devant sa machine à sous, occupé à jouer frénétiquement. L’espace m’intrigue par sa drôle de disposition : l’étroitesse des lieux et l’incongrue proximité de la machine à sous avec la porte des toilettes obligent le joueur à faire un pas de côté, ou à se plaquer contre sa machine, pour laisser quiconque entrer ou sortir du « petit coin ». Son jeu, du reste imperturbable, est scandé par les ouvertures et fermetures de la porte, le va et vient des clients, dans cette atmosphère toujours un peu sale et nauséabonde des toilettes publiques. Une telle configuration des lieux vient-elle souligner que la pratique des jeux de hasard aurait quelque chose d’un peu sordide, que l’or et l’excrément c’est du pareil au même ? De l’intérieur des toilettes, j’entends les pièces introduites dans la fente tomber une à une en cliquetant, et une fois sortie, dérangeant de nouveau mon joueur, je ne peux m’empêcher de lui demander : vous avez gagné quelque chose ? Il se tourne vers moi, blême, le visage défait, les yeux hagards et fuyants de qui, coupable de ne pas avoir pu résister à la tentation, s’est livré des heures à sa compulsion favorite. Quelle jouissance ruineuse ! Il secoue la tête, abattu, une piécette toujours en main, suspendue en l’air, dans l’attente d’être engloutie par la machine. Non, aujourd’hui j’ai tout perdu. Il répète, en écho, plus bas, comme pour lui-même, tout perdu. Ma è strano, mais c’est étrange, ajoute-t-il. Et après un long temps d’arrêt, d’hésitation, où son visage finit par se détendre un peu, il poursuit en me regardant plus franchement, Ma è strano, perdere è come un piacere. Mais c’est étrange, perdre, c’est comme un plaisir.
— Vanessa Brassier, cartel éphémère « Qui paye quoi? »
COUPURE N°7 — « LASCIATE OGNE SPERANZA, VOI CH’ENTRATE »
Communément toute dépense est sous-tendue par l’idée d’une récompense. La question de qu’est ce qu’on paye en psychanalyse pourrait se décliner ainsi : Pourquoi, mais aussi pour quoi on consent à payer dans une psychanalyse ?
En effet, l’objet de la psychanalyse n’a rien à voir avec les objets gadgets de la culture capitaliste, il s’agit là de tout autre chose, d’un objet insensé, irreprésentable, inattrapable et demeurant en extimité.
Au départ de l’expérience, une urgence souvent, et, des espérances folles dont la majeure est que ça cloche moins avec l’Autre. On paie pour trouver sa place dans l’ Autre, pour être entendu et faire cette parole bâillonnée exister, et puis l’espérance secrète de quelqu’un qui nous aime pour l’essence même de notre être… espérance folle dis-je.
On paye pour trouver consolation à l’inconsolable, l’absence d’un Autre tout à soi.
Puis de tours en tours de la demande qui « dans l’ordre de la demande en tant que pure n’est que demande d’être entendue 17», vous vous retrouvez comme Dante à la porte des Enfers et une voix alors se fait entendre « Lasciate ogne speranza ».
Au terme de l’analyse, on se trouve séparé de l’Autre qui devient radicalement tout Autre et le voile se déchire sur ce que ni l’amour, ni le sexe ne font Un.
Au terme, on compose avec l’inconsolable, on s’arrange avec les deuils, avec l’Autre toujours manquant qui ne présente aucune garantie.
On a payé pour ce qu’on ne cherchait pas à atteindre : l’inattendu du désir toujours divisé mais puits intarissable.
Le vouloir a cédé le pas au désir mais pas sans un certain coût, un coût sans prix, celui d’une solitude intime et radicale.
Alors oui on pourrait dire que la psychanalyse est une escroquerie… joyeuse.
— Marie Selin, cartel éphémère « Le paiement en psychanalyse : un acte ? »
COUPURE N°8 — RIEN MOINS QUE GRATUIT
Nullement gratuit ou tout à fait gratuit ? L’équivoque de la langue pourrait amener à confondre « rien moins que » et « rien de moins que ».
Étymologiquement, gratuit est un dérivé de « gratus » signifiant ce qui est agréable. En théologie c’est le pur don de Dieu dans la gratuité de la prédestination à la vie éternelle par opposition au coût des allégeances consenties dans le passage des contingences terrestres au divin.
La gratuité est la plupart du temps évoquée par rapport à ce que « l’on donne pour rien » (Littré). S’agit-il de la consistance de l’échange où l’acte de donner prime sur l’inconsistance du don qui est « rien » ? L’extension étymologique de gratus c’est la gratification, l’agrément de recevoir quelque chose – de gratuit ou gratuitement ? Nous retombons à chaque fois sur plusieurs équivoques entre ce qui est donné sans contrepartie, ce qui est donné pour rien au sens de le donner ou pas c’est pareil et ce qui est donné qui ne compte pour rien.
Et puis ce que l’on donne pour rien c’est aussi la gratuité de ce qui ne repose sur rien, de ce qui ne sert à rien, sans raison ni justification.
Les mots eux, dits par l’analysant, ne sont pas gratuits pour l’analyste. Quand ce n’est pas du blabla, une plainte pour se faire valoir comme souffrant, comme victime, une demande, chaque mot de l’analysant énonce un dire entendu comme un bien précieux puisque c’est celui qui l’a constitué comme sujet. Il faut bien partir de là.
— Dominique-Alice Decelle, cartel éphémère « Cher, chair, chère, chaire »
COUPURE N°9 — ENVERS ET CONTRE WITZ
Olivia Grégoire – ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l’artisanat et du tourisme du gouvernement Macron – a été invitée à débattre aux universités d’été de _La France Insoumise_. Lors de ce débat, elle a cité Lacan : « Si on avait augmenté le Smic, on aurait mis à la porte des milliers de salariés. Lacan le disait mieux que moi : le réel, c’est quand on se cogne ».
Détourner une citation de Lacan sur le réel pour la mettre au service du discours capitaliste auprès des militants de La France Insoumise, présente une ironie certaine. Tout se mélange, les discours s’équivalent et sont dévoyés. Le rapport de force prime sur la dialectique. Au moins le problème est pointé : de droite comme de gauche, le réel, on doit se le coltiner. Cela illustre également, pour une part, notre propre problématique, la place de la psychanalyse aujourd’hui…
Il semble qu’on n’ait pas fini de se cogner.
— Eve Cornet, cartel éphémère « Fonctions et champs de l’argent dans la psychanalyse »
COUPURE N°10 — ÉCONOMIES DE JOUISSANCE ?
Si au départ l’analysant tente d’acheter sa tranquillité – il veut être débarrassé de ce qui l’encombre –, il s’aperçoit qu’en analyse, il n’y a rien à vendre et donc rien à acheter, ce qui n’empêche pas qu’il doive payer un certain prix.
Et même l’expérience montre qu’il est nécessaire qu’il y ait un coût et que ce coût soit estimé suffisant de la part de l’analysant comme si l’insuffisance de ce coût dévaluait ce qu’il venait déposer et qu’il liait le prix de sa parole et du savoir espéré au prix de sa séance et à la valeur de l’analyste. Nous pouvons aussi constater, en particulier avec les enfants, que parfois, ce coût ne passe pas obligatoirement par de l’argent.
En 1969, dans le séminaire D’un Autre à l’autre, Lacan énonce : « C’est originellement par la renonciation à la jouissance que nous commençons d’en savoir un petit bout…18».
Donc le savoir a un coût. L’entrée dans le langage a des effets sur le corps. Elle l’affecte d’une perte de jouissance – l’objet a qui prend consistance corporelle par les objets plus de jouir, objets de la pulsion – et elle le marque par les traits unaires de la répétition – traits qui constituent le savoir inconscient.
Le savoir que l’analysant tire de son analyse produit ainsi une déperdition de jouissance mais il est aussi moyen de jouissance puisque la jouissance des pulsions circule de signifiant en signifiant, sous la forme de cet objet plus de jouir.
Le désir, moins de jouir, se met en fonction autour de cet objet, il est complété par ce plus-de-jouir qui circule dans le savoir. Ce petit bonus est la seule compensation possible19, elle se produit par ce passage de l’objet a, cause du désir en objet a, plus-de-jouir. Et pour cela, le sujet se sert du corps de l’autre20.
La visée de l’analysant est d’obtenir cet objet plus-de-jouir. En analyse, jusqu’au virage de fin, on peut donc supposer que l’analysant cherche à se servir du corps de l’analyste, qui se prête à cette demande sans y répondre.
Est-ce cela que l’on paie dans une analyse, cette demande puis l’arrêt de cette demande visant à combler le manque, la reconnaissance qu’il y a là un impossible lié à la structure ? Ainsi d’une revendication d’un plus à obtenir en payant, au fil de la cure se révèle un moins, l’impossible, la castration.
— Marie-Paule Stephan, cartel éphémère « Une pratique sans valeur ? »
COUPURE N°11 — « QU’EST-CE QU’ON GAGNE EN PERDANT ? »
Coupure n°11 — Niousha Namjoui,
Deux joueurs, de vrais joueurs, fument en attendant de retourner à la table de Blackjack. Ils n’ont pas besoin de se connaître pour se reconnaître dans ce qui les fait se croiser si souvent au casino. Avant de retourner à leur table et en écrasant sa cigarette, l’un des deux demande :
« Tu sais quel est le problème avec le Casino ? … C’est que de temps en temps, on gagne. »
Quand « Rien ne va plus » et que le patient consulte, il mise sur le sujet supposé savoir dont il croit qu’il a les cartes en main pour le soulager de son mal-être. Malgré sa bonne volonté affichée, il tient néanmoins à ce qui fait symptôme pour lui. S’il paye, et parfois cher, ce n’est pas encore pour renoncer à sa jouissance. À ce stade, l’argent a une valeur d’échange, il paye en échange de l’écoute de son thérapeute et même de ses conseils.
Pour le joueur, derrière la table, face au croupier qui a les cartes en mains, « Rien ne va plus » non plus. Il attend de cet inconnu qu’il lui offre les cartes qui le feront gagner. Il mise, remise et remise inlassablement. Il paye et ne veut rien savoir de ce qu’il sait, lui aussi, déjà. Il ne veut pas savoir qu’il paye pour perdre.
Notre patient, pris dans le transfert et devenu analysant, surpris de ce qui échappe de son inconscient, est tenté de vouloir en savoir plus sur sa vérité. Il paye mais plus pour le même travail. Mise-t-il à ce stade sur la perte pour risquer de gagner ?
Notre joueur, lui, continue de miser, il reste dans la répétition de sa jouissance. Il attend de l’Autre qu’il lui cède un gain, qui à peine obtenu va être remis sur le tapis pour être fructifié ou pour récupérer ce qui a été déjà perdu. La perte est dans la répétition de la jouissance et non dans le gain d’un savoir.
Après un temps certain, notre analysant ayant misé sur la perte commence à gagner… Une ouverture sur le désir et un allégement évident lui font signe d’un gain et d’un départ possible.
Quant à notre joueur toujours pris dans la roue infernale, il s’y noie. Ce soir comme tous les soirs il fructifie son capital de jouissance. Il mise, perd et à son plus grand désarroi gagne parfois. Ce qui lui donne une raison de plus de ne pas vouloir arrêter de perdre.
… « Le savoir sur la vérité avance pas à pas dans le transfert. Cela a un prix mais dans sa valeur d’usage et non pas d’échange. »
« … le prix à payer ? c’est clair, c’est le prix de la renonciation à la jouissance… »
— Niousha Namjoui
COUPURE N°12 — DE L’ARGENT
Au commencement de l’analyse est le transfert mais aussi l’argent et la question du paiement. L’un n’allant pas sans l’autre me semble-t-il. C’est une question qui vient dès le premier entretien. Et ce avec le style propre à chaque analyste. Ce que l’on est prêt à payer pour une analyse est fonction de beaucoup de facteurs.
Le livre de Pierre Rey : « Une saison chez Lacan » m’a inspiré cette coupure. L’argent y tient une grande place.
« Ça ne tourne pas rond 21» dit Pierre Rey à Lacan qui accepte de le recevoir. Les rapports de Pierre Rey avec l’argent étaient complexes. Il le mettait, entre autres, en jeu dans les casinos où il pouvait gagner ou perdre mais où dit-il, la réponse est instantanée et surtout où le jeu s’apparente au jouir22.
Lacan lui demande, dit-il un prix qui correspondait à ce que lui-même avait préparé : « Je connaissais déjà le chiffre qu’il me lança. J’avais décidé qu’il serait exorbitant. Il le fût.23 » Il n’a pas d’argent mais il se débrouille pour trouver la somme demandée. Il ne pense plus qu’à ça et il paye chaque jour.
Un jour Lacan prononce une phrase qui lui paraît absolument énigmatique : « La psyché c’est la fracture, et cette fracture, le tribut que nous payons parce que nous sommes des êtres parlants.24»
« Un tribut pour payer quoi ? Quelle dette ? Quelle faute ?25 »
Quatre pages plus loin, Pierre Rey écrit, montrant par là qu’il a entendu la phrase de Lacan et qu’elle est un peu moins énigmatique: « Nous habitons le langage, le langage nous habite. Mais nous y cohabitons dans des quartiers réservés où tout changement de tonalité implique le rejet, c’est-à-dire un scandale, et ce qui le sanctionne, l’intolérable retour à une réalité éludée. Dans le début de ma relation avec Lacan, ce lien renoué – à la fois rejet, scandale et retour – c’était l’argent que je lui donnais.
Jusqu’alors, comme l’épingle si bien l’expression populaire, à mes yeux, « l’argent c’est de la merde » (Pierre Rey aurait pu l’attribuer à Freud !)
Ni fin en soi, ni moyen de circulation de la richesse, pas davantage symbole d’un acquis, encore moins métaphore phallique. Un simple droit d’entrée pour le jouir du jeu…
Lacan debout dans l’embrasure de la porte. Le cérémonial des billets glissés dans sa main à la limite exacte où chaque analysant, ni trop ni pas assez, soupesé par lui, y puisse sentir la contrainte et par son biais, faire retour au réel…
Il fallait que la somme exigée, quelle que fût l’étendue des ressources de sa pratique, entamât le seuil au-delà duquel, cessant d’être négligeable, elle dérangeait, elle privait26 ».
Pour Pierre Rey, il fallait qu’il trouve les sommes demandées, « c’était une question de vie ou de mort ».
À un moment il a une dette réelle, il doit une grosse somme à Lacan qui lui dit que si il ne règle pas ses dettes, il ne le recevra plus. C’est à ce moment-là que Pierre Rey deviendra écrivain, qui plus est écrivain à succès, et écrira de nombreux romans. S’ouvrant dit-il à son propre désir.
— Joëlle Hubert-Leromain, cartel éphémère « Fonction et champ de l’argent en psychanalyse »
VOUS VOUS PAYEZ MA TÊTE ?
Interview fictif
– Bonjour Docteur. Vous avez longuement travaillé en institutions en vous référant à la psychanalyse et actuellement vous dirigez un Centre d’Accueil Psychanalytique. Or, ça fait un an qu’on nous explique qu’il faut payer en analyse et vous avez fait tout ça sans paiement, sans maniement de l’argent ? Où est-ce que ça cloche ?
– Bonne question, un peu agressive peut-être ?
– Polémique tout au plus ! répondez plutôt sur le fond.
– En CMP et même à l’hôpital psychiatrique, j’ai défendu l’idée d’une clinique sous transfert, voire même pour le CMPP d’une institution orientée par le discours analytique. Au CAPAO, il y aurait même, au-delà d’un accueil par des analystes, la possibilité d’un travail proprement analytique. Or, le paiement, le maniement de l’argent a quand même deux vertus : d’une part mettre un écart, une barrière, une régulation dans l’amour de transfert, bref éviter le côté pousse au crime de cette “dangerous method” et d’autre part, quoiqu’en dise Marc Strauss, il est le moyen de céder sur sa jouissance, de l’ébrécher et en plus de relancer la machine associative, parce que c’est à un Autre qu’on la cède. Ensuite, par rapport au paiement en institution vous allez un peu vite en assimilant le paiement au paiement en argent sonnant et trébuchant. Prenez le cas des enfants, bien souvent le paiement est symbolique par exemple le dessin fait en séance, une pièce de Lego ou peu importe…
– C’est un peu bricolage ?
– Oui, si vous voulez, mais l’essentiel est qu’il puisse donner quelque chose qui lui coûte, quelque chose qui pour lui a un prix et en donne un à la séance. D’ailleurs, ça peut même être le temps cédé sur celui du jeu ou de la télé.
– Marc Strauss n’a pas tort c’est un peu catho-caché !
– Un peu, mais pas seulement : au-delà de la cession demandée par le dispositif il y a en échange un temps, une écoute, un gain potentiel et pas seulement une perte.
– Admettons ! mais pour l’adulte quand c’est gratuit…
– Holà ! Vous avez déjà vu quelque chose de gratuit ? D’abord, en institution il y a bien quelqu’un qui paye : si c’est la Sécurité Sociale ce n’est jamais que du salaire différé ; si c’est les collectivités locales ou l’État c’est les impôts, c’est-à-dire un prélèvement sur les salaires.
– C’est une bien grande boucle pour arriver à ce que cela interroge le sujet sur l’économie de sa jouissance !
– C’est vrai mais n’oubliez pas qu’une institution soignante, même orientée par la psychanalyse, n’a pas cette visée… d’emblée en tout cas.
– Réponse adroite, à approfondir en tout cas… Mais quand il s’agit d’un Centre d’Accueil “Psychanalytique”, la gratuité ?
– Une vraie question, un vrai débat. Un des sens du signifiant gratuit est plutôt dévalorisant et ce que vous disiez dans votre première question reste juste. Je propose deux pistes : que fait-on dans les CAP, la psychanalyse jusqu’où ? Si on y prétend entamer des cures, le paiement devient une nécessité logique mais à qui ? Des réponses diverses sont apportées : des dons à l’association, un contrat avec le patient impliquant un paiement symbolique à la séance, une poursuite en libéral, etc.
– Et pour vous…
– Basta ! Si vous voulez en savoir plus venez donc dimanche de 15h à 16h30 : responsables et membres de l’Acap-CL, de différents CAP, du Réseau Enfant et Psychanalyse et du Réseau Institutions et Psychanalyse organisent une table-ronde pour en débattre ensemble et avec vous !
— Jean-Pierre Drapier
Autres
- Bibliographie (Fichier Excel, plusieurs onglets, voir ligne du bas)
- Après-midi intercartels sur le thème des Journées (15 oct 2022).
COMMISSION SCIENTIFIQUE
Marc Strauss, responsable des Journées
Sol Aparicio
Marie-José Latour
Claire Parada
Frédéric Pellion
Jacques Tréhot
Mireille Scemama
François Terral
Elisabete Thamer
Anastasia Tzavidopoulou
Patricia Zarowsky
COMMISSION D’ORGANISATION
Mireille Scemama-Erdös, responsable de l’organisation : mireillescemamaerdos@orange.fr
Karim Barkati, responsable informatique : karimbarkati@gmail.com
Idil Dönmez, responsable inscriptions: idildonmez@gmail.com
Ghislaine Delahaye, responsable inscriptions soirée : delahaye.ghislaine@orange.fr
Emmanuelle Pajot, responsable budget : emmapajot@gmail.com
Elisabeth Pivert, inscriptions et formation permanente : elisabeth.pivert@orange.fr
Isabelle Roussin, responsable diffusion : isaroussin@yahoo.fr
Simge Zilif, graphiste : simgezilif@gmail.com
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS
Catalogue des cartels éphémères sur le thème des Journées.
Tél : 01 56 24 22 56 – E-mail : jn2022.epfcl.france@gmail.com
1.S. Freud, « Le début du traitement », 1913, in La technique psychanalytique, p. 91.[\fn]. Et chez l’analyste ? Aux prises avec sa relation passionnelle à Sabina Spielrein, Jung avouait avoir d’autant plus facilement renoncé à son rôle de médecin qu’il n’avait jamais exigé d’honoraires. Le médecin n’outrepasse jamais les limites, se justifiait-il, s’il est payé pour la peine qu’il se donne Sabina Spielrein, Entre Freud et Jung, Aubier Psychanalyse, p. 122.
2.J.Lacan, « L’étourdit » dans Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 449.
3.S. Freud, « Deux mensonges d’enfants », Névrose, psychose et perversion, P.U.F., p. 183-185.
4.J. Lacan, L’envers de la psychanalyse, Séminaire XVII, éditions du Seuil, p. 52.
5.J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », Ecrits, Seuil.
6.Freud S., « Le début du traitement », in La technique psychanalytique, PUF 1975, p. 9.
7.Ibid, p. 93.
8.Bousseyroux M., « Le borderline de l’Homme aux loups », Lacan le Borroméen, Erès, 2014, p. 195.
9.Freud S., L’interprétation des rêves, Paris, PUF, 1972 p. 477-478.
10.Freud S., Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, Paris, Idées/Gallimard, 1978.
11.Lacan J., Le Séminaire, livre XXI (1973-1974), Les non dupes errent, inédit, 20 novembre 1973.
12.Lacan J., Le savoir du psychanalyste (1971-1972), 6 janvier 1972, inédit comme tel.
13.Lacan J., Le Séminaire, livre V (1957-1958), Les formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998.
14.Lacan J., Le Séminaire, livre XVI (1968-1969), D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil.
15.Ibid., p. 64-65
16.Lacan J., « Du discours du psychanalyste », Milan, le 12 mai 1972, Lacan en Italie, Milan, La Salamandre, 1978, p.32-55.
17.Lacan J., Le transfert, Livre VII, Paris, Seuil, 1981, p. 414
18.J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVI, D’un Autre à l’autre, Paris, Seuil, 2006, p.39.
19.J. Lacan, Le Séminaire, Livre XVII, L’Envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p.19.
20.Ibid, p. 306.
21.Pierre Rey, Une saison chez Lacan, Robert Laffont, Paris, 1989, page 48
22.Idem, page 33
23.Idem, page 52
24.Idem, page 62
25.Idem, page 63
26.Idem, page 67