Mensuel 122 – Mars 2018

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Billet de la rédaction

 

Comment vous parler de ce qui se lit, entre les lignes, au fil des textes que nous propose ce nouveau numéro du Mensuel ? Que veulent nous faire passer leurs auteurs traitant les uns de politique ou d’éthique, les autres du symptôme ou de l’interprétation ? Il s’agit donc de faire quelque chose de cette lecture en écho à ce que nous restitue Marie-José Latour de la soirée Entre… et lis ! réunissant à Toulouse, autour des façons de lire, Philippe Artières et Pierre Senges, la veille des journées de l’EPFCL sur « Le devoir d’interpréter ». S’il n’y a pas de nudité sans mots, comme le souligne Alexandre Faure à propos de la pièce Privacy qui fut jouée le même soir, il s’agit pour nous d’interroger l’habit que nous procurent les symptômes ou les discours pour masquer ce qui vient du réel.

Les travaux issus de l’après-midi d’intercartel, « L’interprétation dans et hors l’expérience analytique », qui réunit à Toulouse un certain nombre de collègues pour un travail préparatoire, cernent tous, à leur manière, l’écart entre le sens et la singularité de ce qui ne peut passer totalement à l’articulation. Geneviève Faleni attire notre attention sur un reste, intraduisible, inhérent aux différentes modalités de traduction. Sophie Pinot nous transmet les suites de la restitution d’une façon de dire qui fait entendre la question du sujet quant à son désir. Rémi Sainte-Rose revisite le texte de Freud « Constructions en analyse » afin de distinguer la construction et la dimension épique qu’elle confère à un réel toujours déjà là, de l’interprétation qui concerne plutôt la réponse singulière du sujet. Jean-Pierre Pomès nous rappelle à partir de son expérience de médecin généraliste que l’interprétation est un art qui n’est pas spécifique à la pratique analytique et nous permet d’interroger « la voie éthique de la psychanalyse ».

Sol Aparicio nous invite à prendre la mesure de la révision de l’éthique opérée par Lacan, afin de la distinguer de celles relatives aux autres discours. Dans le discours analytique, le sujet se fait responsable de sa position, soit du fait que son inconscient le détermine. Pour Bernard Toboul, la voie éthique s’indique de tenir le cap entre l’être évasif de l’inconscient et l’indestructibilité du désir qui constitue la fixation réelle du sujet. Enfin, si le psychanalyste est responsable de l’inconscient, il l’est également du progrès de l’École à partir de son expérience même. Mais cela ne se fait pas sans un certain dialogue puisque l’ex-sistence du discours analytique dépend des autres discours auxquels il s’oppose. Si l’événement Freud « nous a changé le monde », si Lacan était soucieux de l’avenir de la psychanalyse et de ses effets sur les autres discours, c’est logiquement que la question des rapports entre inconscient et politique se pose.

Suivant ce fil d’Ariane, Anastasia Tzavidopoulou propose une « orientation politiquement analytique » tenant compte de la singularité du sujet et de la subjectivité de l’époque et nous fait entendre comment éthique et politique peuvent se nouer à partir de la question de la formation analytique. Bernard Lapinalie nous fait part de sa lecture de la thèse de Lacan dans « La troisième » qui définit la psychanalyse comme symptôme pour les autres discours. Il en souligne l’enjeu politique puisque, si cette fonction symptôme n’était plus assurée, le risque couru en serait l’extinction de la psychanalyse « de n’être qu’un symptôme oublié ».

Peut-être remarquerez-vous également combien ces travaux de notre École convergent vers le thème de nos prochaines journées de l’EPFCL des 24 et 25 novembre 2018, « Les symptômes de l’inconscient ». Vous trouverez dans ce numéro les textes introductifs qui nous ont été proposés et qui nous invitent, dès à présent, à initier des travaux préparatoires à ces journées dans les pôles. « D’où s’atteste l’inconscient » – interroge Colette Soler – si l’inconscient que Lacan a rebaptisé parlêtre a son lieu dans le corps autant que dans le psychisme ? De quel réel les formations de l’inconscient, déchiffrables, sont-elles le vecteur ? Carlos Guevara distingue le réel de la psychanalyse, champ ouvert par Freud qui reconnaît dans les symptômes de la névrose des formations qu’il qualifie de sexuelles et qui sont autant de réponses à l’impossible du rapport sexuel, du réel de la science, dont nous sommes radicalement séparés. Le désir n’est pas loin, « ça trouble », dit Martine Menès, qui rappelle la réalité sexuelle de l’inconscient. Jean-Jacques Gorog, quant à lui, articule le mot d’esprit, en apparence éloigné du symptôme version pathos, et l’identification au symptôme. Il en fait l’extrême du symptôme en tant qu’il sollicite l’être « pur » du sujet tel que le mot d’esprit le révèle.

Alors que veulent nous faire passer tous ceux qui ont contribué à ce numéro du Mensuel ? Quelque chose de l’inconscient assurément mais qu’on ne met pas si facilement à nu, comme Privacy nous l’a démontré, quelque chose dont il s’agit, en tous les cas, de nous faire les responsables.

Jean-Michel Arzur
du comité scientifique des Journées 2018

Pdf du Mensuel

Sommaire

Billet de la rédaction

Séminaire EPFCL à Paris
« L’inconscient c’est la politique »

Séminaire Champ lacanien à Paris
« La voie éthique de la psychanalyse »

Journées nationales EPFCL 2018 à Paris
« Les symptômes de l’inconscient »
Textes introductifs

Après-midi d’intercartel
« L’interprétation dans et hors l’expérience analytique »
Activités préparatoires aux Journées EPFCL 2017 à Toulouse, « Le devoir d’interpréter »

Entre… et lis !

 

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