Billet de la rédaction
Pas-à-lire ?
Dans la « postface » au Séminaire XI, Lacan pose clairement l’écrit comme « pas-à-lire [1] ». Le responsable du Mensuel ne peut que tiquer face à cette affirmation, après les heures passées sur les textes des collègues, avec toute la précieuse et efficace aide du comité éditorial et d’Isabelle Calas, pour p’oublier 21 numéros depuis octobre 2014 !
Pas-à-lire, l’écrit ? C’est un peu fort ! Certes, là, Lacan postface son séminaire, parlé, et « transcrit » pour la première fois. Veut-il nous dire que son séminaire, œuvre parlé, est à entendre, plutôt qu’à lire ? Que cela ne décourage pas la multitude de cartels qui déchiffrent ligne à ligne le précieux texte lacanien depuis des années… Et de fait, le séminaire n’est pas un écrit, mais une transcription, où « ce qui se lit passe-à-travers l’écriture en y restant indemne [2] ».
Mais le contexte de cette postface concerne aussi ses Ecrits, qui s’achètent, mais pour ne pas se lire. « C’est que ça dit autre chose » : peut-être cette autre chose est le dire même de Lacan, au-delà de son texte, ce dire qui s’infère de sa parole et de ses dits et conserve pour nous toute sa force, comme une grande part d’opacité. Le pas-à-lire comme une mise en garde à ne pas « comprendre trop vite », comme il le disait déjà dans le séminaire sur Les psychoses.
Pas-à-lire aussi, pour dans cette formule paradoxale, qui va contre l’évidence, nous faire saisir ce qui doit se cerner dans un texte au-delà de son déchiffrage, cerner ce qui se dépose entre les lignes mais que la graphie n’écrit pas.
Alors, pas-à-lire, comme le pas à faire vers ce texte exigeant, et chaque auteur dans le Mensuel écrit sa propre manière d’avancer dans ce champ, ses propres petits pas.
C’est à cette tâche éditoriale, la mise en valeur des petits pas de chacun, que s’est consacrée le comité tout au long de son mandat, et j’en remercie très chaleureusement les membres pour leur engagement sans faille dans ces 21 numéros, en souhaitant à Anastasia Tzavidopoulou et son équipe de poursuivre avec plaisir les petits pas.
Nicolas Bendrihen
- J. Lacan, « Postface », dans Le Séminaire, Livre XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973, p. 252.
- Ibid.
Sommaire
Séminaire EPFCL à Paris
« La parole et son dire »
Laurence Mazza-Poutet, La parole le dit, le dire la voix
Martine Menès, Que dire ?
Journées epfcl 2016, « Actes et inhibition »
Activités préparatoires
Marie-José Latour, Le hérisson, le rhinocéros et la tortue
Jérôme Vammalle, « étonner la catastrophe »
Anne-Marie Combres, « Comment s’en sortir sans sortir ? »
L’objet
Frédéric Pellion, Six remarques sur l’objet en psychanalyse
Laure Hermand-Schebat, Das Ding, substantielle ?
In memoriam
Claude Léger, Des nouvelles de « l’immonde » 1 : De la violence au théâtre
Petits riens : Le mariage pour tout x Φ x
Marc Strauss, Claude
Bulletin d’abonnement
Anciens numéros