Mensuel 029 – Décembre 2007

Introduction

Par Géraldine Philippe

À lire l’ensemble de ce numéro pour le présenter, ce qui me frappe, c’est que, quel que soit le bout par lequel on aborde le discours analytique, on tombe toujours sur ce reste qu’est l’objet a.

C’est peut-être, comme l’a dit J. Lacan, sa seule invention, mais il a mis dans le mille !

Dans le cadre du séminaire École de 2006-2007, consacré à étudier « Le transfert : impasses et issues », Sol Aparicio se propose d’interroger le refus de l’amour dans le transfert, côté analyste et côté analysant, à partir de l’hypothèse du transfert comme un nœud à trois – demande, offre, refus – et en s’appuyant sur trois fils tirés de travaux antérieurs : les deux termes antithétiques – offre de refus- employés par Colette Soler pour désigner la place de l’analyste dans la cure ; le refus de l’analyste de donner son angoisse ; et, dans un fragment d’analyse, le refus du sujet qui le conduit à une impasse.

En élevant le transfert au rang de concept, Lacan le dégage de ses phénomènes pour le faire équivaloir à de l’amour qui s’adresse au savoir. Dans une lecture croisée, Sidi Askofaré prouve l’intérêt qu’il y a à revenir sur le transfert négatif pour mieux saisir la place qui lui est réservée dans la doctrine lacanienne, notamment dans la psychose et à la fin d’une analyse. Il souligne que le transfert négatif, loin d’être accidentel, est nécessairement inscrit dans le déroulement du transfert, comme destin du transfert, pour peu que celui-ci aille à son terme – destitution subjective et séparation d’avec l’analyste – et ne soit pas confondu avec un phénomène psychotique. Il pose aussi que la responsabilité de l’analyste y est engagée, non seulement dans la cure mais aussi dans les scissions du mouvement analytique et plus largement dans les diverses « agressions » dont la psychanalyse fait l’objet.

Colette Chouraqui-Sepel prend le thème par les impasses de la cure à partir du concept de résistance que Freud décline en cinq points, dont Lacan déduit une saisie du réel par l’objet a fantasmatique, qui s’ordonne à partir de la répétition comme l’impasse nécessaire à produire la sortie là où était l’entrée, une fois le retournement accompli.

À l’approche des journées nationales sur le thème de « L’iden- tité en question dans la psychanalyse », qui je le rappelle se tiendront à Paris les 1er et 2 décembre au Palais des congrès, Josée Mattei interroge la placede l’objet dans la psychose et ses incidences sur le langage. Comment, à partir d’un signifiant suspendu, l’analyste peut-il essayer de faire bord à la jouissance en construisant une noumination sur laquelle le psychotique pourra prendre appui ?

Dans son intervention à Pau, Albert Nguyên dégage les points de convergence des textes que nous avons pu lire sur le thème de l’identité dans le Mensuel depuis le numéro 22. Il en extrait une logique en trois points, qui rend compte du parcours de la cure : à l’entrée, une identité d’aliénation, imaginaire, dont le sujet aura à se déprendre. Dans le temps pour comprendre, de désaïfication, opéra- tion de séparation d’avec l’Autre, le sujet obtient une identité sym- bolique et un reste, réel, authentique signature qui fait sinthome.

Lydie Grandet présente ici un produit de cartel dans lequel elle interroge la question de la garantie au regard du réel et du désir de l’analyste. Certes, pas de garantie, mais, pour contrer ce qui pourrait se présenter comme imposture, un savoir de la différence absolue, posture du Un.

Claude Léger persévère dans sa chronique de l’immonde où il excelle, en commençant par évoquer le « bisness » venu du froid qui nous glace le sang, préférant mettre le projecteur sur le dernier objet en vogue : « la mallette de repérage » avec laquelle les psychothérapeutes pourront enfin traquer la dépression. Eux qui voulaient être distingués…

Bonne lecture à tous.

 

Sommaire

Géraldine Philippe : Introduction

Séminaire École 2006-2007
Le transfert : impasses et issues
Sidi Askofaré : Le transfert : négatif ?
Sol Aparicio : Le refus de l’analysant, et celui de l’analyste
Colette Chouraqui-Sepel : Réactions transférentielles

L’identité en question dans la psychanalyse
Réunions préparatoires dans les pôles aux journées de décembre 2007

Josée Mattei : L’identité dans la psychose : une construction ?
Albert Nguyên : « De l’identique à l’authentique »

Travaux des cartels
Lydie Grandet : Clinique du réel et désir de l’analyste

Chronique
Des nouvelles de « l’immonde » n° 8
Claude Léger : De certaines techniques de congélation