Mensuel 013 – Février 2006

Introduction

Par Carlos Guévara

Après son dernier numéro consacré au thème de « Politique et santé mentale », le Mensuel revient à son travail de base, celui de mettre en valeur et diffuser les travaux qui rendent compte de la production au sein de notre communauté.

Ce numéro reprend le fil de nombreux autres déjà publiés, celui de penser la psychanalyse et l’école. Le Mensuel y apporte le témoignage de ceux qui ont accepté l’invitation de Lacan dans la note adjointe a l’acte de fondation de l’Ecole. «C’est l’affaire seulement de ceux qui, psychanalystes ou non, s’intéressent à la psychanalyse en acte. C’est à eux que s’ouvre l’Ecole pour qu’ils mettent à l’épreuve leur intérêt, ne leur étant pas interdit d’en élaborer la logique» (1) 

Je souligne le fait que les articles qu’on vous propose aujourd’hui proviennent de deux espaces de travail au service de l’objectif indiqué, d’un côté, la production de cartels, cœur de l’école, et de l’autre le séminaire d’Ecole qui s’efforce d’en élaborer sa logique.

La première partie consacrée au séminaire d’Ecole nous met devant plusieurs questions centrales.
Tout d’abord, Annie Claude Sortant-Delanoë s’interroge sur la portée du « je ne pense pas » de l’analyste dans la cure et nous offre un minutieux parcours des différentes tentatives d’élaboration de la position de l’analyste dans l’histoire de la psychanalyse de Freud, de la notion de contre transfert en passant par Ferenczi et sa « technique active », et bien d’autres psychanalystes postfreudiens, jusqu’à la formulation lacanienne du désir de l’analyste.
Puis, Claire Christien-Prouet reprend la même question, et de manière tout a fait complémentaire, nous éclaire sur les diverses positions de l’analyste. A partir du commentaire de différentes vignettes, elle nous fait visiter la clinique pour comprendre la portée de l’acte analytique.
Le troisième article, issu également du séminaire d’Ecole, est celui de Cathy Barnier qui, à partir de son expérience de passeur, nous livre un travail courageux sur les conséquences de la cure chez un passant et l’élaboration que la procédure de la passe provoque : la transmission des buts de savoir extraits au cas par cas ; elle nous donne un exemple de cette « autre raison » nécessaire a l’autorisation de l’analyste que Lacan évoque dans la préface à l’édition anglaise du Séminaire XI.

La deuxième partie est consacrée aux travaux extraits des après-midi des cartels. La lecture des séminaires de Lacan et l’exercice du commentaire des textes sont ici mises à l’épreuve de manière rigoureuse.

Eléonore Pardo nous offre une lecture du séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la Psychanalyse, et tout particulièrement de la conception du regard et de l’objet a. De manière fluide, elle nous promène au fil des élaborations de Lacan sur la place et la fonction de l’objet a dans la dialectique aliénation – séparation.
Ensuite Dominique Marin reprend la question de « que désire une femme ? » et nous montre le parcours du travail de Lacan sur le thème de la féminité à partir du séminaire sur  L’éthique de la psychanalyse, en passant par le séminaire « R.S.I » et la formule « une femme symptôme pour un homme », jusqu’au séminaire Encoreoù il traite de la réponse amoureuse, pour finir par les élaborations avancées par Lacan dans le séminaire Le sinthome

Enfin, Lydie Grandet nous propose un commentaire pour le moins rigoureux, d’un passage du séminaire «L’insu que sait de l’une bévue s’aile à mourre », où Lacan définit les conséquences du franchissement d’une analyse et l’opération supplémentaire nécessaire pour celui qui devient analyste. J’ai trouvé remarquable la qualité des questions qui sont posées dans cet article, ainsi que la manière de traiter les différentes formules employées par Lacan pour définir la fin de l’analyse. Bien que complexe, la référence à lalangue retrouve ici une place significative et éclairante pour avancer une ultime explication. De plus, l’article reprend la réflexion sur le dispositif de la passe et les possibilités d’une transmission de la psychanalyse. On pourrait dire que le circuit d’une boucle est donné par l’ensemble des articles de ce numéro.

Je vous invite à poursuivre le travail et la mise à l’épreuve de votre intérêt, le Mensuel restant prêt à accueillir le résultat. 

(1) J. Lacan, « Acte de fondation » dans Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p.240. 

 

Sommaire 

SÉMINAIRE D’ECOLE

– Annie-Claude Sortant-Delanoë : L’analyste suspendu
– Claire Christien Prouet : Psychanalyser n’est pas penser
– Cathy Barnier : La question d’une autre raison

EXTRAITS DES APRÈS-MIDI DES CARTELS

– Eléonore Pardo : Sur le regard
– Dominique Marin : Du partenaire au sinthome
– Lydie Grandet : Franchir une psychanalyse