Mensuel 003 – Janvier 2005

Introduction

Par Jean-Claude Battarel

Ce troisième numéro du Mensuel vient après nos Journées de décembre sur le traumatisme, qui ont été cette année encore un franc succès. Les interactions du traumatisme et du fantasme dans leurs rapports au réel, au symbolique et à l’imaginaire y ont été détaillées et explorées. Ces textes viennent comme en écho, poursuite du travail qui se fait dans notre communauté.
Michel Bousseyroux vient ouvrir cette suite de textes, cette fois sur la fondation même de la psychanalyse dans « l’appensée de Freud », qui a été présenté dans le cadre du séminaire du Champ lacanien. Dans un « là où je ne pense pas, je désuis » de Freud, il explore l’analyse originelle – la seconde de Freud – qui s’appuie « contre » le lien transférentiel à Fliess pour produire une théorie qui passe, justement, du traumatisme au fantasme.
C’est ensuite Christian Demoulin qui évoque les enjeux de la théorie lacanienne : la psychanalyse vient comme réponse au malaise dans la civilisation dans une éthique au bien-dire qui est un juste-dire. La théorie lacanienne n’est pas seulement une érotologie, mais aussi une théorie du sujet, du désir et de la demande. Dans ses rapports avec la science, elle peut être considérée comme au carrefour de l’éthologie et du cognitivisme par sa référence à la cybernétique.
Avec Mario Binasco, nous entrons dans le vif de la cure avec ce terme « déchariter » qu’a utilisé Lacan dans sa référence à l’analyste comme saint. Ce dont il s’agit pour l’analyste comme pour le saint est de faire la charité du déchet dans la rencontre qu’ils provoquent tous deux du sujet avec sa cause, dans leur refus de faire l’Autre, mais aussi par le lien au réel que cela suppose.
C’est un texte de Jacques Rabinowitch qui suit, présenté en Avignon à l’occasion d’un séminaire sur la perversion. Le « passage à l’hâte » qui relève à notre époque d’un « tout est possible tout de suite » vient escamoter le temps pour comprendre. Ce temps, interrogé dans la perspective des temps logiques, est aussi un objet dont le statut imaginaire serait modifié à l’image de la perversion.
À la suite de ce qui concernait plutôt le malaise dans notre civilisation, vient un texte autour du symptôme. Bernard Lapinalie approfondit l’articulation entre symptôme et métaphore. Interrogé à partir de ce que Lacan en dit dès 1957, dans la névrose et la psychose, le symptôme se différencie des autres formations de l’inconscient et s’avère avoir une fonction équivalente à celle du Nom du Père, préfigurant ce qu’il pourra en dire à partir de 1974. Il y a ainsi une mise à niveau de ce qu’il est, tant dans la névrose que dans la psychose. 
En vous souhaitant à tous une excellente lecture à suivre le fil de ces différents textes, je me joins à tous les membres de notre équipe de rédaction pour vous souhaiter nos meilleurs vœux en cette fin d’année.

Sommaire

Michel Bousseyroux : Lappensée de Freud
Christian Demoulin : Enjeux de la théorie lacanienne
Mario Binasco : Déchariter
Jacques Rabinowitch : Passage à l’hâte
Bernard Lapinalie : Quel usage a fait Lacan des notions de symptôme et de métaphore dans les psychoses ?