Mensuel 141 – Avril 2020

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Billet de la rédaction

Cinéma, je t’aime

Le cinéma a longtemps été considéré comme un art mineur, il n’est qualifié de septième art que depuis quelques décennies. Parmi d’autres, c’est Gilles Deleuze qui, dans son intérêt pour le cinéma, y a consacré deux livres et un séminaire et a contribué à sa revalorisation.

Très récemment, en travaillant le séminaire Les Formations de l’inconscient, où Lacan parle largement d’Hamlet, j’ai ressorti un vieux DVD de la BBC sur cette pièce. Dans ce séminaire, Lacan ne fait pas une interprétation psychanalytique d’Hamlet au sens propre, il dit qu’Hamlet « n’est pas ceci ou cela, n’est pas un obsessionnel ou un hystérique, et d’abord pour la bonne raison qu’il est une création poétique 1 ». Il s’agit pour Lacan d’illustrer ses propres théories. Le visionnage de ce vieux film m’a permis d’entendre autrement le texte de Lacan et d’en saisir toute la palette des nuances. Je pense que la psychanalyse et le cinéma font très bon ménage à condition de ne pas se limiter à une psychanalyse appliquée au film ou à son auteur.

Tout récemment, un entretien de Sandrine Bonnaire sur France Culture, remémorant son interprétation dans le film d’Agnès Varda Sans toit ni loi, m’a rappelé le plaisir et surtout la stupéfaction de trouver dans ce film une magnifique illustration de ce qu’est le voyage pathologique et l’errance du psychotique, rôle principal interprété par Sandrine Bonnaire en clocharde pathétique ; illustrer donc, plutôt que démontrer.

Dans ce numéro, Muriel Musconi nous parle longuement du film d’Hitchcock Vertigo, avec James Stewart interprétant l’histoire d’un obsessionnel dont le rapport très ambigu avec la mort confine, dit-elle, à la nécrophilie.

D’une manière un petit peu différente, Jean-Jacques Gorog va se servir aussi du cinéma à propos du film de John Huston Freud, passions secrètes (Freud : The Secret Passion), pour illustrer la visée de l’analyse chez l’obsessionnel : qu’il « accepte de se soumettre au discours de l’Autre, sous la forme du discours de l’hystérique, et ce quel que soit son partenaire ». Par là même, le film montre la confrontation de Freud lui-même à ses symptômes, face à la docilité des patientes hystériques. Ce malaise de Freud parfaitement visible dans le film illustre, semble-t-il, selon lui le « péché originel de la psychanalyse », « à savoir le fait que quelque chose, dans Freud, n’a jamais été analysé ».

Magie des nouvelles technologies pour tous, ces films seraient impossibles à revoir sinon. Dorénavant, il est très facile de les télécharger légalement en quelques secondes 2.

Dans ce numéro, vous pouvez faire votre marché, une fois sorti du cinéma : Patrick Barillot pose la question de la guérison de la névrose, à propos de l’homme aux rats ; Vanessa Brassier questionne les nouvelles formes d’expression du « cyber amour » ; Colette Soler retourne le thème de l’impact du discours contemporain sur les structures et interroge plutôt la fonction sociale des structures cliniques. Ensuite, Adrien Klajnman, au mythe des trois coffrets repris par Freud dans L’Inquiétante étrangeté, ajoute un quatrième figurant, à vous de le découvrir.

Enfin, le Mensuel se clôt par une brève sur la réédition du livre de Martine Menès abordant la névrose infantile.

Jean-Luc Vallet

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Sommaire

Billet de la rédaction

Séminaires EPFCL à Paris
« Actualité de la névrose »

Psychanalyse et cinéma

Journées nationales EPFCL-France
30 novembre – 1er décembre 2019
« Amour et haine&»

Brève

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