Mensuel 131 – Mars 2019

 

Billet de la rédaction

Grâce à notre communauté de travail, les activités du Mensuel se poursuivent avec entrain. Beaucoup de travail, de questions qui nous animent pour en savoir un peu, un peu plus, un peu autrement. Tout en sachant qu’au final, le réel nous échappera de toute façon. Et ça, c’est la bonne nouvelle, rien ne pourra le combler. Mais le rien n’est pas le vide. Alors, nous continuerons à élaborer et à nous questionner les uns les autres.

Dans la rubrique culturelle de ce mois-ci, Colette Sepel nous propose sa lecture de l’excellent livre de Pierre Guyotat, Idiotie, dans lequel l’auteur évoque de sa très belle écriture ses années de jeunesse à l’âge adulte, de ses 18 à 22 ans (1958-1962). La mort de la mère adorée, la découverte du sexe, l’appel sans réponse du père. Et puis, le trauma autour de ce père, d’un vol d’argent, l’accusation, la mélancolie, la mort subjective et le retour à la vie un mois plus tard par une solution rédemptrice. De mon point de vue, la description des corps sans l’empreinte de l’imaginaire, un défilé de mots séparés par des virgules donnent à l’emploi de l’écriture un ton cru, d’une vitalité proche du réel.

Les trois textes de la soirée du séminaire École « La clinique des transferts : différence des sexes » convergent vers une question centrale. Les participants essaient d’y répondre chacun à leur manière.

Comment le transfert induit dans la structure langagière opère-t-il dans l’analyse ? se demande Jean-Michel Azur, sachant que la jouissance phallique ne peut rendre compte de ce qui règle la jouissance. Quel est le rôle du symptôme en fin d’analyse ?

Carmen Lafuente pose la question suivante : comment aborder le pas-tout à partir d’une logique phallique, se basant sur une remarque de Lacan affirmant que « l’essence de la femme n’est pas la castration » ? Quelle est la place pour ce réel ?

La psychanalyse nous enseigne la castration comme étant innée au sujet parlant, la jouissance ne passe pas toute par le langage. Aucune lettre produite ne garantit une assurance pour le sujet malgré l’identification au symptôme. Qu’en est-il alors de la fin de l’analyse, demande Agnès Metton, pour la femme pastoute qui incarne l’une des valeurs du S(A barré) ?

Les deux textes de la soirée du séminaire Champ lacanien « Les langues et les ségrégations » posent la question du discours pris dans la relation à l’autre.

Le texte de Patricia Dahan, riche en références historiques, évoque l’idée d’une langue d’origine comme faisant autorité sur les autres langues. Mais pour qu’une langue puisse exister, point besoin d’être la meilleure, elle doit être diversifiée, multiple. Lacan nous a appris l’écart entre la signification et le sens, entre le signifié et le signifiant. La ségrégation survient lorsque les discours faisant « fi » de cet écart réduisent la richesse du langage à l’étroitesse des slogans, pour exemple le nazisme. Dans la cure analytique, pas de métalangage ni de préjugés sur les langues de ceux qui viennent parler. La psychanalyse traite d’autre chose, de ce quelque chose qui échappe à la ségrégation.

À partir des quatre discours, Fréderic Pellion dégage la théorie et le discours analytique, ce qui l’amène à envisager le thème de la ségrégation.

Le Billet (de mauvaise) d’humeur aborde le nouveau documentaire de la journaliste Sophie Robert, Le Phallus et le néant, qui a pour but d’éloigner la psychanalyse de notre société. Des psychanalystes ont pris la parole, employant des formules lacaniennes hors contexte, sans explications. Cela servira-t-il de leçon à ces analystes ? se demande Jean-Pierre Drapier. Qu’importe, monsieur, puisque le mal est fait !

Dans la rubrique du séminaire à Montpellier, deux intervenants que je vous laisse découvrir…

Quelle différence y a-t-il entre le symptôme analytique et le symptôme médical ? Pour la psychanalyse, le symptôme est un compromis qui a une fin, sans pour autant oublier le réel qui fait le sujet. Jusqu’ici, nous sommes en terrain connu. S’ensuit la réflexion qui alerte sur l’urgence dont les psychanalystes devraient accueillir le symptôme de notre époque qui porte depuis quatre mois le nom de « Gilets jaunes . Ils disent et à juste titre « ça ne peut plus durer comme ça » ; que faire de ça ? demande Marc Strauss. Et si, finalement, tout cela n’était qu’utopie communautaire mettant en valeur autre chose que ce qui est proclamé ?

On a pour habitude de mettre le symptôme du côté de l’analyste et l’interprétation du côté de l’analysant, mais cela n’est pas si tranché, dit Hélène Sigaud. En dépliant ces deux termes, on apprend que -l’interprétation ne doit pas être timide mais intrusive, marquant une séparation, c’est de la responsabilité de l’analyste. Quant au symptôme, il ne peut être entièrement analysé car un noyau résiste au sens, le réel – la jouissance. L’analysant doit grâce à la mise en place du transfert rendre son symptôme analysable.

Comment déchiffrer le symptôme ? Qu’est-ce qui le détermine ? Le symptôme en fin d’analyse serait-il la marque du sujet ?

Excellente lecture ! Et en ce mois de mars, je vous souhaite le meilleur.

Éphémia Fatouros

Pdf du Mensuel

Sommaire

Billet de la rédaction

Séminaire EPFCL à Paris
« Transferts »

Séminaire Champ lacanien à Paris
« Les ségrégations »

Entrée des artistes

Séminaire de Montpellier

Billet d’humeur

 

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