Mensuel 126 – Octobre 2018

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Billet de la rédaction

Après Barcelone

À peine les Rencontres internationales de Barcelone terminées, l’École se prépare maintenant à accueillir à Paris les Journées nationales de l’EPFCL les 24 et 25 novembre sur le thème « Les symptômes de l’inconscient ».

Le Mensuel d’octobre porte les fruits de l’énergie de l’année passée et de cet automne dynamique pour notre École, en publiant les derniers pré-textes et préliminaires qui préparent les deux rencontres de Barcelone et de Paris. Il clôture également l’année de travail dans les séminaires de Paris avec les textes des dernières interventions sur « La voie éthique de la psychanalyse » et « L’inconscient c’est la politique ». La lecture des quatorze textes permet de révéler une convergence des thèmes des deux séminaires, où l’éthique et la politique se croisent et se répondent. Mais pas uniquement, puisque les textes qui ont préparé les deux événements de l’automne témoignent d’un questionnement commun, dévoilant ainsi le filigrane d’une orientation du travail de l’École internationale.

À quel public s’adresse aujourd’hui ce qui peut se transmettre de la psychanalyse ? Au publikum de Freud ? Le public restreint et éclairé des élèves de Freud qui est aussi le tiers du mot d’esprit dont parle Armando Cote ? Jean-Michel Arzur, lui, nous met en garde contre le risque, éthique et politique, que l’on prend à vouloir étendre l’audience ou le pouvoir de la psychanalyse dans le champ institutionnel. Vouloir le plus grand bonheur du plus grand nombre, nous rappelle cet auteur, n’est-il pas l’exact envers de l’éthique du psychanalyste, qui a pour principe le désir fait d’un rapport singulier au réel ?

Comment le discours de la psychanalyse peut-il alors faire lien sans faire foule, se demande Dimitra Kolonia ? Comment l’école peut-elle ne pas être une institution comme les autres, questionne Jean-Pierre Drapier ? Quelle place aujourd’hui pour le discours de l’analyste face au discours de la science et au capitalisme ?

Comment, finalement, une école peut-elle être le socle d’un collectif et d’une transmission de la psychanalyse malgré le discours contemporain, mais aussi malgré les caractéristiques propres au discours analytique, que chacun des auteurs pointe de façon différente ?

Plusieurs textes mettent en exergue l’unicité de la jouissance et le traitement singulier du réel, propre à la psychanalyse. L’unicité de la jouissance traitée par Jean-Michel Arzur, l’unicité du réel dont parle Jean-Jacques Gorog, l’unicité du symptôme, la béance au cœur de la structure pour Danièle Belon. C’est aussi faire avec la dimension du pas-tout pour Carmen Lafuente et Julieta de Battista, ou pour Sandra Berta avec des liens de travail fondés sur le non-rapport.

Et chacun d’apporter ce qui, dans l’œuvre de Freud, l’enseignement de Lacan et les dispositifs d’École qui en découlent, soutient pourtant toujours, au un par un, le désir d’École et la joie dont parlent Clara Cecilia Mesa et Sandra Berta.

C’est le dispositif du cardo que déplie Danièle Belon, l’importance de la structure du mot d’esprit que développe Armando Cote, la position de non-dupe pour Maricela Sulbarán, ou encore l’amour courtois pour Jean-Jacques Gorog où éthique, amour et sublimation se nouent.

Et bien sûr, la passe, que quatre auteurs mettent en avant dans leur texte. Adriana Grosman expose comment un nouveau lien à l’École est né de sa passe en ce qu’il représente le « possible lieu d’un impossible à dire, possible lieu pour prendre au sérieux cet avènement singulier ». Pour Jean-Pierre Drapier, ce dispositif est en effet nécessaire pour soutenir, au sein de l’École, le discours de l’analyste en ce qu’il permet le passage à un au-delà des trois autres discours. Et c’est également à partir de cette expérience que Carmen Lafuente et Julieta de Battista témoignent de l’importance de la dimension du pas-tout dans la clinique analytique.

Vingt ans après la création de l’Internationale des Forums, ce numéro du Mensuel atteste de la vivacité des questions autour de ce qu’est une école de psychanalyse.

Les contributions y sont d’ailleurs congruentes au thème de l’unicité soulevé. Chaque auteur transmet en effet de façon particulière le fruit de son travail autour de questions communes.

C’est sans doute ce qu’on doit attendre d’une école de psychanalyse où une orientation collective permet néanmoins à la singularité de chacun de s’exprimer. On est proche de ce que Marie-José Latour appelle de ses vœux dans son texte, lorsqu’elle parle de l’avènement d’une nouvelle expérience de parole où le commun se décline au singulier.

Séverine Mathelin

Pdf du Mensuel

Sommaire

Billet de la rédaction

Séminaire EPFCL à Paris
« L’inconscient c’est la politique »

Séminaire Champ lacanien à Paris
« La voie éthique de la psychanalyse »

Journées nationales EPFCL, 24-25 novembre 2018, Paris
« Les symptômes de l’inconscient »
Pré/textes de la commission scientifique

Après Barcelone, 13-16 septembre 2018
Xe Rendez-vous de l’IF-EPFCL
« Les avènements du réel et le psychanalyste »

VIe Rencontre internationale d’École
« L’École et les discours »

 

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