Mensuel 125 – Juin 2018

 

Billet de la rédaction

 

Vers Barcelone…

Si nous pensons que le réel est déjà advenu lorsque l’être qui vient au monde est touché par le langage, en est saisi irrémédiablement et corpo-rellement, qu’est-ce donc qu’une psychanalyse effectue comme remaniements pour faire apparaître ce réel au point qu’il modifie en partie la répartition des jouissances et fait la destinée d’une vie plus légère ?

Ce Mensuel représente les réflexions d’un ensemble de membres sur les deux thèmes cruciaux que nous abordons dans nos réunions internationales en septembre à Barcelone : – les avènements du réel et le psychanalyste ; – l’École et les discours, avec, pour sous-titre, « Quelle joie trouvons-nous dans ce qui fait notre travail 1? ».

Lorsque les Forums se sont mis à exister après la rupture et la crise de 1998, nous avions eu grande envie de poursuivre l’expérience en créant une École, abri de la psychanalyse, soutien au discours analytique et permettant la transmission de la psychanalyse sans la modélisation d’une pensée unique et donc indiscutable.

Avons-nous satisfait quelque peu à notre désir ?

Notre École, créée en 2001, existe, elle a permis de mettre au point la procédure de la passe et les garanties nécessaires à notre travail et à l’avancée du « penser la psychanalyse ».

Nous ferons différents bilans sur l’École et les discours, sur ce qui se transmet de la psychanalyse, sachant que cette transmission ne va pas de soi, qu’elle peut toucher l’inconscient au un par un, au « bon entendeur » sans pouvoir en déterminer d’avance les effets.

« Les avènements du réel » pose en soi la question de ce qu’on entend par ce mot de réel, et il me semble que c’est une question difficile et fondamentale pour interroger chacun d’entre nous sur la clinique psychanalytique de l’être parlant. Dans la conférence de Jacques Lacan « La troisième » (du 1er novembre 1974) il y a ce terme d’« avènement du réel », dont la manifestation la plus probante sur le plan des affects est l’angoisse. Cette « Troisième » est à relire encore et encore et touche au cœur même de notre thème.

Réinterrogeons ce réel afin qu’il ne devienne pas une antienne usée et ressassée qui se vide de sens ; et pourtant dans l’analyse c’est cela même le réel abordé, ce qui se dépose du symbolique d’être hors sens.

Nous interrogerons les fins d’analyse à travers différents acteurs de la passe et ce qui peut de façon contingente se transmettre du fil coupant d’un désir inédit de n’être plus appendu au désir de l’Autre. Savoir faire exister un semblant du côté de l’analyste, semblant d’objet a, ne peut s’avérer efficace qu’à condition qu’il ne se prenne pas pour le sujet supposé savoir de son analysant. Pour laisser place au jeu de la demande, l’analyste supporte et propose par sa présence cet évidement nécessaire à la demande de l’analysant.

Le « Symposium de la passe » aura lieu dès le mercredi 12 septembre 2018. Il a pour but d’améliorer le fonctionnement de la procédure de la passe, de faire une sorte de bilan des insuffisances mais aussi des points positifs. Il réunit pour ce travail les deux Collèges internationaux de la garantie (CIG), celui de 2014-2016 et l’actuel CIG, les dispositifs locaux d’école et les passeurs qui ont été tirés au sort et ont fonctionné comme passeurs ; ce mot « fonctionné » est d’ailleurs inadéquat car leur rôle dans la passe est d’« être la passe ».

Une nomination d’AE (analyste de l’École) par la passe est un produit « du » psychanalyste de notre école qui souligne l’inexistence d’Un que l’on pourrait dire l’Analyste, astreinte de la castration.

Vous découvrirez dans ce Mensuel à travers les pré-textes et les pré-liminaires des formules parfois surprenantes comme celle de Colette Soler, parlant de l’ICSR et des langues, de « message universel » qui transparaît au-delà des différences linguistiques. Cela suppose un dire, l’avènement d’un dire qui a été inféré à partir de l’ensemble de l’expérience d’un analysant.

Un autre article, d’Elisabete Thamer, a retenu mon attention par sa manière d’interpréter le discours analytique, dans les quatre discours que Lacan a établis, en parlant de « réel qui touche » et de « réel touché ».

Rithée Cevasco nous invite à penser le réel en fonction des pratiques qui le cernent et des « limites propres à toute pratique et à tout discours », ce qui m’apparaît comme salutaire, ce savoir des limites des discours et des limites du discours analytique dont l’impossible écriture du rapport sexuel.

Des membres du CIG ont écrit des préliminaires, dont le texte de Marc Strauss qui sert d’épine dorsale à notre VIe Rencontre internationale d’École. Le sous-titre choisi « Quelle joie rencontrons-nous dans ce qui fait notre travail ? » est une question reprise par Frédéric Pellion de ce qu’est la joie : perte ou retrouvaille ?

Dans le prolongement, Marcelo Mazzuca aborde plus précisément le champ lacanien, le savoir comme « puissant moyen de jouissance » interrogé à travers les différents discours et donc le savoir acquis – « à qui ? », nous dit parfois Lacan – dans une analyse, ce jeu de mots insistant sur l’inconscient réel, un savoir sans sujet…

Beaucoup de thèmes seront abordés et nous souhaitons que chacun réfléchisse quelque peu à ces questions, avant nos grands rendez-vous internationaux. C’est un moyen sûr d’avancer.

Les pré-textes et les préliminaires proposés continueront d’être publiés dans le prochain Mensuel.

Anne Lopez, secrétaire de CIG pour l’Europe

Pdf du Mensuel

Sommaire

Billet de la rédaction

Séminaire EPFCL à Paris
« L’inconscient c’est la politique »

Journées nationales EPFCL, 24-25 novembre 2018, Paris
« Les symptômes de l’inconscient »
Pré/textes de la commission scientifique

Vers Barcelone, 13-16 septembre 2018
Xe Rendez-vous de l’IF-EPFCL
« Les avènements du réel et le psychanalyste »

VIe Rencontre internationale d’École
« L’École et les discours »

Collèges de clinique psychanalytique
« Clinique différentielle des sexes »

Lecture

 

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