Mensuel 118 – Novembre 2017

 

Billet de la rédaction

 

Nous voilà déjà en novembre ! Le mois traditionnellement dédié à nos journées nationales qui, cette année, se dérouleront à Toulouse. Cette belle ville de Toulouse où il fait si bon vivre et où les collègues du pôle 6 nous accueilleront, une nouvelle fois, pour un week-end de travail et de convivialité.

« Ô mon païs, ô Toulouse » chantait Nougaro, empreint d’une nostalgie heureuse, « ici même les mémés aiment la castagne ». Nous, on va juste se coltiner, se coltiner cette expression énigmatique de Lacan, « le devoir d’interpréter » du psychanalyste. Se coltiner, car, dans « le devoir », il y a un impératif ; pas de fuite possible, cela exige la présence. Voilà donc le thème autour duquel nous nous réunirons dans quelques jours. Et pour nous aider dans ce travail, nous pourrons nous appuyer sur un outil précieux, le thésaurus sur l’interprétation dans les textes de Lacan, réalisé par Bernard Nominé.

La chanson est un art mineur, disait Serge Gainsbourg, réduisant les prétentions de l’écriture et de l’interprétation. Peut-être, mais il arrive que de la magie de la création puisse jaillir l’écriture d’une œuvre poétique. Le prix Nobel de littérature 2016 n’a-t-il pas été décerné à Bob Dylan, un inventeur poétique ? Cela ne démontre rien, bien sûr, mais le moins que l’on puisse dire c’est que cela peut parfois nous toucher, nous émouvoir. Il y a le texte mais il y a également la façon de l’interpréter, de le chanter, de moduler sa voix qui n’est pas sans effets sur ceux qui écoutent.

Lacan faisait référence à l’écriture poétique chinoise pour cette caractéristique d’être chantée, chantonnée. Et il faisait l’hypothèse que l’interprétation poétique pouvait être un recours pour tenter de faire résonner les éléments de lalangue qui sont hors de portée du symbolique. Cette hypothèse visait à répondre à la question de ce qui peut mettre un terme à la quête de sens du côté de l’analysant. Même si lui ne se considérait pas « poâ-tassez ». Un dialogue fructueux est parfois possible entre les psychanalystes et d’autres champs incarnés par les créateurs, les artistes, les metteurs en scène… C’est pourquoi je vous invite à venir nombreux à la soirée du vendredi 24 novembre à 18 heures au théâtre Garonne qui y sera consacrée.

Dans ce numéro du Mensuel il sera donc aussi question de l’interprétation. En préparation à nos journées, un florilège d’entretiens a justement été réalisé avec ceux qui, hors du discours psychanalytique, n’en sont pas moins concernés par cette question de l’interprétation. Et je dois dire qu’à lire l’entretien, publié dans ce numéro, de Marie-José Malis (metteuse en scène et directrice de théâtre) avec Béatrice Cambillau, j’ai été d’entrée frappé, interpellé par ce qu’elle exprime. Lorsqu’elle rencontre un texte, un écrit, ça passe d’abord par le corps, elle est réellement affectée, elle en pleure… et à la question de Béatrice Cambillau qui interroge le lien entre ces effets et la langue, je trouve sa réponse magnifique : « Je ne sais pas si c’est la langue en fait, je pense que c’est toujours une espèce, en effet, de machination, comme disait Vitez sur “l’inextricable vie”, où donc se mettent en place des situations, des nœuds, des relations avec les gens… Il y a une sorte de machine qui a l’air inextricable, qui est complexe, qui avance, et il y a un dénouement. » On ne peut que la suivre quand elle affirme que ce qui l’affecte n’est pas lié à la langue. Après Lacan, nous, nous dirions que c’est peut-être lié à lalangue, en un mot. On a donc des choses à se dire… Alors, je vous invite vivement à lire la suite, tout aussi surprenante. Dans la foulée, laissez-vous aller à une promenade agréable à l’intérieur des autres textes, des collègues, qui nous invitent à les suivre pour frayer des voies nouvelles dans le savoir psychanalytique.

Bonne lecture et à très vite à Toulouse !

Ali Tissnaoui

Pdf du Mensuel

Sommaire

Billet de la rédaction

Séminaire EPFCL 2017
« Le devoir d’interpréter »

Florilège d’entretiens

Thésaurus

Séminaire à Bordeaux
« Une erre éthique, le dire de l’amour »

Séminaire à Millau
« La parole ça a des effets »

L’expérience du passeur
Témoignage

Autres textes

 

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