Mensuel 097 – Mai 2015

Billet de la rédaction

Cet avant-dernier numéro de la saison 2014-2015 nous invite à relire le temps de l’analyse en rupture avec le temps du capitalisme, le temps de la passe comme retour sur le « produit », dissident, de la cure, et en ponctuation la question de l’identification. Petite introduction sommaire à ce Mensuel de printemps.

Dans son texte « Durée de la séance, durée de l’analyse », Anastasia Tzavidopoulou revisite « le temps freudien et le temps lacanien » et démontre comment Lacan a subverti, avec la scansion, la conception freudienne du maniement du temps dans la durée de la séance, avec ses conséquences sur la visée et la durée de l’analyse.

Carlos Guevara réactualise pour nous le débat qui a eu lieu entre Lacan et les analystes de l’ipa, concernant le temps des séances et celui de l’analyse. Les citations choisies nous restituent le vif des prises de position radicales de Lacan. En particulier quant à la distinction entre durée et temps. Et son incidence sur la fin de l’analyse.

Dans « Lacan le contemporain », Stéphanie Gilet-Le Bon centre sa réflexion sur les conséquences du « développement à l’extrême du capitalisme » en reprenant la thèse de G. Agamben (capitalisme et désubjectivation) et celle de M. Gauchet (capitalisme et individualisme de « déliaison »). Ces deux thèses dénoncent le délitement du lien social, délitement que la psychanalyse peut contrer en proposant au sujet un lien social nouveau qui vise « la différence absolue » en s’occupant de la dissidence du symptôme. Armando Cote nous emmène sur les sentiers de la guerre, « une des plus anciennes formes de jouissance », d’abord dans les pas de Freud en éclaireur, puis dans ceux de Lacan pour qui « le pouvoir capitaliste a besoin d’une guerre tous les vingt ans » et qui, à la question « pourquoi la guerre ? » répond : « l’absence de rapport sexuel », que seule la pudeur « voile ».

Avant de faire la passe, Nadine Cordova-Naïtali se disait qu’« il fallait un certain courage pour parler de sa cure avec pudeur » et se demandait : « Comment parler de ce qui ne peut se dire, mais aussi de ce qui est obscène dans la jouissance ? » Invitée par nos collègues du pôle Aix-Marseille-Corse, elle a témoigné de ce que « la passe peut enseigner sur les “effets” de l’analyse ». Son texte témoignage-enseignement d’une AE nous transmet les effets du signifiant « passe » dans une cure en cours, ceux d’une demande de passe prématurée et ce que la passe permet de vérifier des effets d’une analyse pour un sujet.

Enfin, Adèle Jacquet-Lagrèze nous propose une lecture détaillée et rigoureuse de la leçon du 17 janvier 1962 du séminaire L’identification, dans lequel Lacan pose la question de l’identité et cherche à « cerner ce qui se passe dans l’identification au niveau de la structure du sujet » en se servant du quadrant de Pierce.

Merci à nos collègues auteurs, auteures pour leur travail qui enseigne tout en suscitant la réflexion.

Bonne lecture donc !

Martine Capy

Sommaire

Pdf du Mensuel

Billet de la rédaction Séminaire EPFCL à Paris – « La durée des analyses, ses raisons »
Anastasia Tzavidopoulou, Durée de la séance, durée de l’analyse
Carlos Guevara, « Il faut le temps… C’est ainsi que l’inconscient s’articule de ce qui de l’être vient au dire »

Séminaire Champ lacanien à Paris « Faire lien social dans le discours contemporain ? »
Stéphanie Gilet-Le Bon, Lacan le contemporain
Armando Cote, Guerre, pudeur et discours du capitaliste

La passe
Nadine Cordova-Naïtali, Autour de ce que la passe peut enseigner sur les « effets » d’une analyse

Lecture
Adèle Jacquet-Lagrèze, L’ensemble vide, ou l’identité du sujet déjetée

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