Séminaire École

Lecture de « D’un discours qui ne serait pas du semblant »

 

Le Séminaire XVIII, débuté par Lacan au seuil de l’année 1971, occupera nos travaux du Séminaire École durant l’année qui vient, mais également l’année suivante. Ce choix du Conseil d’Orientation vient dire la densité du propos de ces seules dix leçons, avant même L’Etourdit dont elles constituent l’incontournable rampe d’accès.

Considérons le tour que prend le dire de Lacan avec ce titre. Il est un nouveau départ qui emporte tout autant négation que franchissement. Après la mise au point des quatre discours et de leur ronde dans L’envers de la psychanalyse, il s’agit maintenant de « décaniller » l’auditoire des assises dont il se sentirait assuré. Le titre brise la ronde : il opte pour situer la question au lieu précis où les discours défaillent devant le réel tout en l’indiquant, et au point où ils sont susceptibles d’effets dans le réel. Abordant le réel là même où ils le manquent, ils nécessitent l’écriture, soit le nec plus ultra d’un discours sans parole.

C’est donc éminemment d’écriture dont il va s’agir dans ce séminaire. Lacan en produit le geste inaugural en crayonnant le titre au tableau noir. Par un examen du rapport entre l’écrit et la parole, reprenant son séminaire sur « La Lettre volée », lituraterrissant de l’achose japonaise, faisant du signifiant pas plus d’un semblant, donnant encore prééminence à la lettre, Lacan interroge : d’abord le discours de ses contemporains – Derrida en tête –, celui de la science – « comble de l’écrit » –, celui de la clinique sondant le genre, et enfin celui de la psychanalyse.

Qu’y a-t-il de commun entre la béance qui sépare l’écrit et la parole, l’impossible qui sépare vérité et jouissance et l’impossibilité d’écrire le rapport sexuel ? S’il n’y a  pas ce dernier, il y a toutefois une « loi sexuelle », second axe de ce séminaire côtoyant celui de la lettre et s’y nouant pour reprendre à nouveaux frais les rapports de l’homme et de la femme. C’est l’occasion de marquer en quoi la jouissance sexuelle se différencie du semblant, et Lacan ne ménagera pas ses efforts pour produire de l’écrit qui en cerne le réel.

L’écrit, donc, est au cœur de la clinique psychanalytique en tant qu’il tombe de la parole analysante et que l’écriture joue à plein – ou à vide, c’est selon – dans l’interprétation.

Notre séminaire se centrera cette année sur l’examen des cinq premières leçons du Séminaire. Elles nécessiteront des interventions plurielles pour approcher ce plus vif de l’expérience qui ne s’attrape qu’au calame.

Bruno GENESTE

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