Bruit et fureur de la pulsion de mort

23 - 24 novembre 2024

Toulouse

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Bruit et fureur de la pulsion de mort

Argumentaire

Un au-delà

En inventant en 1920 la pulsion de mort[1], Freud apporte au réel de la Grande Guerre une réponse, qu’il confie à Einstein, qui change radicalement sa conception de la psychanalysepas décisif pour inférer l’impossible, soit le réel, trou au cœur des choses humaines. Qu’est-ce qui pousse Freud à postuler un au-delà au principe de plaisir ? Une question clinique : d’où vient ce qui se répète dans les névroses traumatiques, la réaction thérapeutique négative, les névroses de guerre ? Et puis l’observation du jeu de son petit-fils qui, âgé d’un an et demi, n’a de cesse de jeter au loin, fort, un petit objet. Par sa relecture de ce jeu qui, à partir de l’efficace de l’opposition des phonèmes fort-da, amène le sujet à réitérer l’expérience de la perte, Lacan montre que dans la contrainte de répétition, il y va des effets de l’ordre symbolique et d’une mise en jeu de l’objet a, cause du désir. De là s’éclaire le fin mot du propos freudien s’agissant de pulsion de mort, soit pour l’être parlant « ce qui, dans la vie, peut préférer la mort[2] ». S’orientant de la rigueur de Freud face à ce qui s’imposait dans sa clinique, Lacan le suit, non sans s’en écarter quand Freud glisse à conjoindre dans le masochisme la jouissance sexuelle et la mort[3].

Pulsion de mort – principe de jouissance

Nous répétons le même détour pour toujours revenir à l’inanimé : « absurde extrapolation métaphysique[4] », qui pour d’aucuns fit scandale. Dans L’éthique de la psychanalyse, Lacan ose mettre Freud sur le même plan que Sade, métaphysicien du meurtre qui fait dire au pape Pie VI : la nature veut l’anéantissement, elle en jouit[5]. « Toujours la nouveauté sera la condition de la jouissance[6] », écrit Freud. La pulsion de mort est une « sublimation créationniste[7] », interprète Lacan. Ainsi, ce que Freud nomme « principe de Nirvâna », Lacan l’appelle « principe de jouissance[8] ». Ce principe lui permet de dépasser le dualisme pulsionnel freudien et de rendre compte de la complexité des rapports du sujet à cette part d’absolue obscurité qui, dans son désir, le hante. De la jouissance, Lacan marquera d’abord l’hétérogénéité d’avec le langage pour ensuite, à partir du séminaire Encore, les homogénéiser. Que le langage soit appareil de jouissance donne à la pulsion de mort une tout autre portée.

Bruit et fureur dans la clinique

Qu’entendons-nous du bruit de la pulsion de mort dans notre clinique des névroses, des psychoses et des addictions en tous genres ? Qu’en réverbère le malaise contemporain ? Qu’avons-nous à apprendre de la peur de la mort et de la demande de mort dans notre société en instance de légiférer sur l’aide à mourir ? La pulsion de mort laboure, cultive le champ lacanien de la jouissance. Soulevant des enjeux éminemment politiques, elle explose entre les hommes, qui n’ont pas attendu l’apparition de la science moderne ni celle du capitalisme comme discours, pour s’exploiter, se martyriser, se tuer[9], jusqu’à finir par ruiner la planète… par-dessus le marché ! « La science [disait Lacan] est liée à ce qu’on appelle spécialement pulsion de mort[10] », et flagrant est le constat de ses effets de réification et de décrédibilisation de toute forme de prise de parole singulière, dans le social, le soin, l’éducation, les médias, l’art. L’effort de l’Éros éternel que Freud appelait de ses vœux face à la pulsion de mort reste-t-il à produire ? Sommes-nous à cet égard dans un temps dépassé ? Il est urgent ici de reposer la question des responsabilités de l’analyste.

Les raisons du vacarme

La pulsion de mort n’est pas que silence de mort, elle fait le bruit et la fureur du langage et de lalangue que nous habitons et qui nous affectent. William Faulkner, par son art d’écrire le malheur qui peut nous pousser à retourner à l’inhumain de la horde, nous l’a fait entendre dans son roman The Sound and the Fur[11] qui prend au piètre de la lettre cette phrase de Macbeth : « La vie est […] une histoire contée par un idiot, pleine de fureur et de bruit et qui ne veut rien dire[12].  » Et si ce plein de bruit et de fureur c’était la vie même !? Nous interrogerons lors de nos Journées nationales les raisons de ce vacarme.

Nicole Bousseyroux et François Terral


Échos du thème

La commission scientifique des journées vous propose quelques échos sur le thème des prochaines Journées Nationales de l’EPFCL-France. 

Écho du thème #1 – Voici quelques émissions sur France Culture autour de la peinture, où vous pourrez par exemple entendre parler de la question : pourquoi peint-on des crânes ? Mais également de Dürer, de Holbein, des vanités, des natures mortes, mais aussi de Freud et de Lacan, de la chose qui devenant objet devient regard, et de ce qu’il faut de désir pour réduire le bruit et la fureur de la pulsion de mort.

Pourquoi peint-on des crânes ? 

Dans l’émission Sans oser le demander de Matthieu Garrigou-Lagrange, vous oserez demander ce que vous avez toujours voulu savoir à Ludmila Virassamynaïken, conservatrice en chef du patrimoine en charge des peintures et sculptures anciennes, commissaire de l’exposition « À la vie, à la mort » au Musée des Beaux-Arts de Lyon, du 27 novembre 2021 au 7 mai 2022.

Vive la nature morte

Dans son émission L’art et la matière, Jean de Loisy a invité Gérard Wacjman, écrivain et psychanalyste, pour un entretien passionnant sur ce lien que l’être parlant a avec les objets et avec l’étrange pouvoir que leur représentation leur donne.

Face à la mort une nouvelle énergie

Dans l’émission LSD – La série Documentaire, Stéphane Bonnefoi et Anna Szmuc, s’interrogent au-delà des clichés sur ce que la mort fait à l’art. Bernard Derdéran, ancien assistant d’Hans Hartung, nous parle de celui qui, cloué sur son fauteuil roulant n’en souhaitait pas moins faire des tableaux de 3 mètres sur 5. Le peintre Gérard Fromanger évoque son âge certain et s’étonne avec amusement que lorsqu’il était enfant, ça n’était pas si souvent que ça que les gens avaient 78 ans, c’était très vieux ! etc.

Écho du thème #2 – Échos d’une présentation à deux voix des prochaines Journées Nationales, « Bruit et fureur de la pulsion de mort », réalisée lors du séminaire du Collège de Clinique Psychanalytique du Sud-Ouest, le 15 juin 2024 à Bordeaux.

Écho du thème #3

Voici trois échos qui donnent à entendre, pour les deux premiers, quelque chose de la sédimentation sur laquelle s’inscrit le titre de nos journées Bruit et fureur de la pulsion de mort tout en revenant, dans le troisième, au vif de ce concept. 

* Nous avons emprunté à Shakespeare le titre de nos journées, syntagme extrait de sa pièce Macbeth qui a une aura particulière comme vous pourrez le saisir dans ce podcast :

* William Faulkner [1897-1962] en a fait le titre d’un des romans majeurs du XXème siècle : Le bruit et la fureur. Ci-dessous dans l’émission de France Culture du 20 août 2016, Une vie, une œuvre, vous pourrez écouter, entre autres, Pierre Bergounioux et Paul Audi parler de leurs lectures respectives.

* Nous vous proposons également d’entendre la mise en perspective des liens intrinsèques d’Éros et Thanatos, avec le concept freudien de pulsion de mort et sa distinction avec la destruction avec Catherine Millot et Bertrand Ogilvie.

Préludes

Commission scientifique

Commission d’organisation

Lieu

Centre de Congrès Pierre Baudis, 11 esplanade Comans Caffarelli, 31000 Toulouse

Tarif et inscription

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Soirée festive

Nous vous proposons une soirée festive avec cocktail dînatoire, création musicale… et de belles surprises ! Visitez la page dédiée pour en savoir plus.

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