2015-2016 – Hystoriser, raconter, écrire l’histoire

04 septembre 2015

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2015-2016 – Hystoriser, raconter, écrire l’histoire

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Hystoriser, raconter, écrire l’histoire

De la grande Histoire aux petites anecdotes par lesquelles la cause se démontre toujours particulière – et en passant même, à l’occasion, par la préhistoire chère à Freud –, l’histoire ne cesse pas de s’inviter dans le cours des cures. Il nous a donc semblé utile de consacrer cette année du Séminaire Champ lacanien à questionner le sort que nous faisons, dans notre pratique de tous les jours, aux histoires qui nous sont (ra)contées.
L’histoire – à l’occasion « roman individuel » – s’écrivant aussi, penser la manière dont se raconte et dont s’écrit, pour chacun, son histoire individuelle, est pour ainsi dire consubstantiel à l’exercice de la psychanalyse. Au point, d’ailleurs, que Lacan a inventé son néologisme hystoire pour faire valoir un certain isomorphisme entre histoire et… névrose.
Il nous est apparu pertinent pour cette réflexion de nous tourner, au-delà de notre champ, vers d’autres écritures de l’histoire. D’une part du fait que le discours intime ne laisse pas d’être infléchi par l’histoire collective, par ce qui s’en dépose dans l’histoire “officielle” et par ce qui s’en trouve, à l’occasion, effacé. D’autre part pour mener, au moyen de quelques invitations choisies, notre interrogation au regard de quelques aperçus pris sur la manière, ou plutôt les manières, dont les historiens eux-mêmes envisagent aujourd’hui la méthode de leur discipline.
Agnès Metton et Frédéric Pellion

19 novembre
Soirée animée par Agnès Metton

 Jean-Jacques Gorog : Hystoriser, raconter, écrire l’histoire
L’histoire est celle du récit tel qu’il s’ordonne pour un sujet selon ce qui lui en a été transmis. La mémoire n’est pas nécessairement ce qui s’est passé mais bien souvent ce qui s’en est dit par la suite. Le psychanalyste doit se préoccuper du vrai du récit et non de ce qui s’est passé dans une réalité vraie dont on a perdu la trace. Quelques exemples viendront à l’appui de ces précisions.

Josée Mattei : Pas sans histoire(s)

17 décembre

Françoise Lespinasse : « Histoire de dire »
Chaque sujet s’inscrit dans une histoire qui ne cesse pas de s’écrire. Quel chemin va-t-il parcourir du « roman familial » à l’hystoire pour en-fin s’inscrire dans son histoire et l’histoire de son temps ?
C’est aussi une histoire de langues à délier (cf. le titre des soirées Connexions) et à renouer.

Carlos Guevara : « Se raconter, se lire, s’écrire »
Que « l’inconscient c’est un chapitre censuré de l’histoire du sujet, occupé par un blanc ou par un mensonge », Lacan nous l’a depuis longtemps formulé. L’expérience analytique nous permet de saisir, de la manière la plus singulière, cette trouvaille de chacun et l’articulation qui résulte de ce qu’un sujet fait, de ce qui se dit et ce qui s’écrit.
La clinique psychanalytique nous livre en permanence ces merveilleuses trouvailles.

21 janvier
 

Invité : Alain Corbin

Animé par Claude Léger et Frédéric Pellion.

Nous allons recevoir, pour la deuxième fois, l’historien Alain Corbin, présenté habituellement comme « historien du sensible ». Nous l’avions invité en 2010 à l’occasion d’une soirée « Connexions » sur le thème du corps.
Alain Corbin est un historien des manières de jouir au xixe siècle. Qu’il s’agisse de la prostitution (Les Filles de noce), de l’odorat dans l’imaginaire social (Le Miasme et la Jonquille) ou encore de l’hominisation des bords de mer (Le Ter- ritoire du Vide), Alain Corbin, héritier de l’école des Annales, parcourt la route des migrations intérieures autant que les échelles sociales.
Sa biographie d’un modeste sabotier, choisi au hasard dans les archives départementales de l’Orne, Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876(Paris, 1998), nous permettra de dialoguer avec Alain Corbin autour de l’hystorisation, thème de notre séminaire, à partir de l’axe principal de ce travail, dont il dit lui-même : « C’est le principe, au cinéma, de la caméra subjective : on voit ce que voit le personnage, mais, lui, on ne le voit pas. »

18 février
 

Marc Strauss : « écrits sur un mur d’incompréhension »
Lacan, sur ce qui se passe « dans ce que l’histoire des historiens est censée prendre pour objet », avait une thèse radicale, qu’il partageait avec Joyce : rien. Où cela se passe-t-il alors pour l’espèce parlêtre ? Est-il possible de l’écrire ? Des formules de Newton à celles des discours, des récits des patients à la passe, Lacan propose une approche inédite, dont les conséquences n’ont pas ni d’être développées.

Armando Cote : « La pudeur de l’histoire »
Face à l’exigence propre à la modernité de ce fameux « tout dire » plutôt im- pudique, le discours analytique est passé au « bien dire » qui est gouverné par la pudeur. Prendre une juste distance avec les divers régimes de la vérité est le propre de la tâche de l’analyste et tenter de déloger le sujet de la pente aux généralités historiques. Les langues tentent de ferrer le Vrai de l’his- toire traumatique du sujet mais « lalangue […] dans l’espoir de ferrer, elle, la langue, ce qui équivoque avec le faire-réel. Lalangue quelle qu’elle soit est une obscénité » (19 avril 1977).

24 mars

Marie-José Latour : « Un marbre généalogique »
Si une psychanalyse est l’occasion de cerner l’expérience de la représentation en ayant affaire à cette motière qui ne se laisse pas raconter, peut-on en attendre des répercussions sur la façon dont la psychanalyse est parlée dans le monde ?

Nicolas Bendrihen : « Du réel sans histoires ? »
Les formes contemporaines de l’écriture de soi malade.

14 avril
Cette séance du Séminaire n’a pas pu se tenir comme prévu le 14 avril.

Patricia Zarowsky : « Que veut dire “écrire” ? »
Lacan dans son séminaire D’un discours qui ne serait pas du semblant dit : « Ce que vous avez à dire est programmé c’est-à-dire à écrire » (p. 90). Je partirai de cette phrase pour tenter de répondre à ce que veut dire « écrire » à partir d’une expérience de parole.

Claude Léger : « Il n’y a pas de mémoire(s) »
Les historiens s’intéressent aux mémoires, généralement celles d’hommes illustres, surtout des hommes, s’étant illustrés par des conduites exemplaires à des époques remarquables, générant des genres littéraires, à l’instar des mémoires de guerre.
À l’opposé, il existe des mémoires auxquelles l’appellation « mémoires d’un âne » pourrait convenir, en ce qu’elles révèlent l’humilité de leurs auteurs. Elles sont plus rares, ce que nous pouvons peut-être regretter. Nous aimerions parfois pouvoir lire des mémoires d’analyse, qui seraient, en quelque sorte, un mélange de mémoires de guerre et de mémoires d’un âne. Lacan soutenait en 1977 qu’« il n’y a pas de mémoire d’une psychanalyse […] ça ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de mémoire intéressée dans l’affaire, mais écrire ses mémoires, c’est une autre affaire. Tout repose là sur une métaphore, à savoir qu’on s’imagine que la mémoire, c’est quelque chose qui s’imprime. »
Les formes contemporaines de l’écriture de soi malade.

26 mai

Invité : Nicolas Offenstadt : « Les bribes et le récit. Comment les historiens racontent les histoires »

Nicolas Offenstadt est historien, agrégé et docteur en histoire, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, maître de conférences à l’université Paris I Sorbonne, où il enseigne l’histoire du Moyen Âge et l’historiographie. C’est à ce titre d’historiographe qu’il nous a paru intéressant de lui demander de venir nous parler des outils théoriques et méthodologiques qui permettent d’écrire l’histoire. Quelle part est faite au « caractère relatif de la vérité en histoire » (N. Offenstadt, L’Histoire, un combat au présent, éditions Textuel, 2014) ? Quelles conséquences sur l’écriture de l’histoire ?

Cela n’est pas sans nous renvoyer à la cure, et aux questions qui s’y posent de ce que l’on fait de l’histoire ou des bribes d’histoires qui nous sont rapportées : de quels rapports avec la vérité du sujet ou l’exactitude des faits sont-elles issues ? Comment l’interprétation du côté du sens donne-t-elle consistance à cette histoire qui se raconte ? Qu’est-ce qui peut remettre en cause cette consistance, et faire surgir, dans cette construction de son histoire que fait le sujet, la dimension de fixion ?

Animé par Patricia Zarowsky et Claire Parada

23 juin

Bernard Toboul : « Existence et jouissance »

Privilégier l’advenir individuel plutôt que la grande Histoire est-ce le dernier mot de la psychanalyse ? C’est plutôt son point de départ. Mais où cela mène- t-il ?

Albert Nguyên : « Comment vivre sans l’Une-bévue devant soi ? »

Le titre du séminaire vaut en dé nitive comme trajet d’une analyse, si tant est que le parcours puisse être saisi comme temps 1 où l’analysant raconte jusqu’à « plus soif » pour s’apercevoir que ce raconté l’hystorise (temps 2), et que cette historisation, le non-effacé, l’écrit de son histoire se ramène à une lettre (temps 3).

Pour autant, « comment vivre sans l’inconnu devant soi » disait René Char : ouverture à l’inconnu que la bévue, ici ou là, ici et maintenant, signera : Unbe- kannt (inconnu, sans précédent) et Unerkannt (non reconnu) à la fois ?

Animé par Claude Léger. 

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