2014-2015 – Faire lien social dans le capitalisme contemporain ?

06 novembre 2014 - 04 juin 2015

Paris

RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS

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2014-2015 – Faire lien social dans le capitalisme contemporain ?

Faire lien social dans le capitalisme contemporain ?

Que les liens sociaux n’aillent se désagrégeant, que l’individu ne soit désormais le résidu dernier de cette dégradation, que la puissance de déliaison de Thanatos ne soit en marche, n’est plus une nouvelle en 2014. C’est sur le fond de ce constat que Lacan réécrivait « Psychologie collective et analyse du moi » de Freud, en donnant, cinquante ans après, la structure des quatre liens sociaux qu’il nomme discours. Car la question aujourd’hui est moins de savoir ce qui fait cohésion – problème freudien – que ce qui y objecte. On incrimine à juste titre la science et ses suites dans le capitalisme, mais pour le psychanalyste qui sait que « le sujet de l’individuel » ne se distingue pas de celui du collectif son interrogation propre est plutôt de savoir ce que déliaison et liaison doivent à l’inconscient des parlants.

Colette Soler, 5 juillet 2014

6 novembre

Marc Strauss : « Un discours sans semblant ? »

On le sait, Lacan a formalisé en 1969 les discours, au nombre de quatre, comme ordonnant les liens entre les parlants ; la psychose se caractérisant d’être hors-discours. Il leur a ajouté un cinquième, dit du capitaliste. En 1974, dans la Troisième, il précise que chaque individu y est un prolétaire, défini comme n’ayant « nul discours de quoi faire lien social, autrement dit semblant ».

Contradiction d’un discours qui ne serait pas lien social ? Ou paradoxe qui nous invite à considérer les spécificités et les conséquences sur les liens sociaux d’un discours sans semblant ?

Laurence Mazza-Poutet : « De la ségrégation au camp : se réduire à son corps »

Les nazis sont des précurseurs, dans leur réaction, face à ce qui ira en se développant, à savoir le remaniement des groupes sociaux par la science et l’universalisation qu’elle y introduit.
Lacan écrivait ces mots prémonitoires en 1967, en 2014, nous y sommes.
Quels sont les effets ségrégatifs du discours du capitalisme sur les liens sociaux après la shoah ?

18 décembre

– Invité : Olivier Douville : « Discours du capitalisme, discours des marchés, globalisations »
Discutante : Martine Menès

L’expression « discours (du) capitaliste » se retrouve à plus d’une reprise dans l’enseignement
de Lacan. S’y désigne une nouvelle situation du discours du maître à partir du
moment où il fait la rencontre avec ce que la science produit comme formules mathématiques
qui régissent l’existence de tout un chacun. Cette nouvelle façon de situer le
discours du maître (conférence à Milan, 1972) abolirait la distance entre sujet et objet.
Si des psychanalystes prennent au sérieux les indications de Lacan sur ce discours
du capitaliste, qui est moins un cinquième discours qu’une distorsion de ce qui fait
discours, on constate que, dans le même temps, des anthropologues, dans le sillage
de G. Althabe, portent leur intérêt à la globalisation et à ce que l’on pourrait nommer
le discours des marchés.
D’où leur relecture de la notion de dette. En effet, la dette sert alors d’argument à un
rééquilibrage des comptes autour du fantasme d’un monde mis en arrêt autour d’un
point mort : celui d’un zéro comptable. Ils insistent sur le fait que la dette se manipule
et s’instrumentalise, comme toute production sociale. à cet égard, cette date actuelle,
produite par les jeux de pouvoir économiques, loin de favoriser le lien social, crée des
pulvérisations des cycles des échanges et brise des solidarités économiques nécessaires.
Dette finie et infinie, dette incluante et dette excluante : voilà des questionnements
auxquels l’anthropologie du contemporain nous familiarise à sa façon.

8 janvier

Muriel Chemla : « Lien social et angoisse »

Le discours capitaliste nous est décrit dans la conférence de Milan comme le substitut du discours du maître. Comment alors comprendre l’angoisse qu’il suscite dans son sillage ? Comment penser aussi l’angoisse dans le noeud borroméen, dont le nouage est condition du lien social ?

Colette Soler : « Sujets “apparolés” au capitalisme »

Que les discours aient des effets sur les sujets qui s’y trouvent pris n’est pas douteux. Mais qu’en est-il de ce que l’on nomme sujet de l’inconscient ?

5 février

– Invité : Eric Fasin : « Antilibéralisme et anticapitalisme :
Deux critiques politiques et deux définitions du lien social »
Discutant : Patrick Barillot

L’oeuvre de Michel Houellebecq séduit un public de droite, mais aussi de gauche. C’est que le romancier propose une critique de l’anomie moderne. Son succès révèle l’ambiguïté politique de l’anticapitalisme, qui risque aujourd’hui de se confondre avec un antilibéralisme opposant les droits des individus au lien social : le réquisitoire
contre une modernité privée de sens l’emporte alors sur la dénonciation des inégalités induites par les rapports de domination. Pour résister à ce glissement, il importe de distinguer les deux critiques, à partir de la lecture d’adversaires de la modernité
libérale, tels que Jean-Claude Michéa, mais aussi du néolibéralisme actuel, comme Pierre Dardot et Christian Laval. C’est le point de départ d’une réflexion sur ce
qu’on propose d’appeler des « publics », mobilisés autour de causes. Leur lien ne présuppose nulle communauté, puisqu’ils en définissent une en s’instituant. Dans cette perspective, le social n’est pas constitué en amont du politique – et donc menacé par lui ; il se construit dans son exercice.

Éric Fassin est sociologue et travaille à l’université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis, département de science politique et département d’études de genre, laboratoire d’études de genre et de sexualité (LEGS, CNRS/Paris 8/Paris 10)

19 mars

Stéphanie Gilet-Le Bon : « Lacan le contemporain »

Dans notre interrogation dudit discours capitaliste, tel que l’écrit Lacan, nous sommes habitués à lui prêter la raison de la dégradation du lien social, puisqu’il n’offre pas de liens, ce qui se traduit par la montée de l’individualisme et par un être-ensemble d’« agrégations automatiques des préférences » sur le modèle du marché – et, comme le soulignait Lacan, un être-ensemble dans la logique du camp, c’est-à-dire de la ségrégation.

Je propose l’éclairage de l’historien Marcel Gauchet et du philosophe Giorgio Agamben sur ces questions, pour ensuite répertorier rapidement, dans la perspective psychanalytique, ce qui peut faire suppléance au lien social défaillant.

Armando Cote : « Guerre, pudeur et discours du capitaliste »

La guerre est un réel qu’on ne peut pas éliminer. « Le pouvoir capitaliste, ce singulier pouvoir dont je vous prie de mesurer la nouveauté, a besoin d’une guerre tous les vingt ans » (19 mars 1969). Pour Lacan, la guerre est un « commerce interhumain ». Il s’agira de montrer comment la guerre a évolué depuis Freud puis Lacan jusqu’à notre actualité, qui est traversée par le discours du capitaliste. Lacan a toujours pris ses distances pour parler de la guerre, notamment de la manière dont Freud l’a fait. La pudeur est pour Lacan la seule vertu qui nous reste, au point que dans son séminaire Les non-dupes errent il propose de l’écrire Les non pudes-errent, torsion qui rappelle un dire qui tourne Ou pire…

16 avril

Sidi Askofaré : « Lien social et “liens hors discours” »
Discutant : Patrick Barillot

En raison de son immense succès médiatique, le « lien social » est en passe de devenir une notion d’appellation d’origine non contrôlée.

Si nous y ajoutons notre doctrine selon laquelle le discours capitaliste est un discours qui ne fait pas lien social, nous nous heurtons à la difficulté de penser la question de ce qui fait lien entre les corps dans notre société contemporaine qui fonctionne justement au régime de ce discours. Si le capitalisme a mis à mal, voire détruit, nombre des liens anciens, n’y a-t-il pas lieu de s’interroger sur le fait qu’il a peut-être aussi contribué à rendre possibles d’autres liens même s’ils sont moins consistants et moins durables ?

4 juin

– Invité : Darian Leader, analyste à Londres, membre du cifar
« Nouvelles subjectivités ? »
Discutante : Colette Soler

Beaucoup a été dit à propos des effets du dernier capitalisme sur la subjectivité
contemporaine. Nous questionnerons quelques-unes des vues les plus courantes sur

cette question, qui ont cours aussi bien au sein de la psychanalyse qu’à l’extérieur, et nous y considérerons la place à la fois de l’inconscient et de la pulsion.

Organisé par le Conseil d’orientation de l’EPFCL-France et les Commissions locales de l’École (CAG et COE)

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