L’objet a de Lacan. Incidences cliniques, conséquences techniques.

18 - 19 novembre 2006

Palais des Congrès, Paris

RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS

L’objet a de Lacan. Incidences cliniques, conséquences techniques.

L’objet a de Lacan

La psychanalyse est freudienne ou elle n’est pas. Elle tient sa consistance des textes de Freud, découvreur de l’inconscient et de ses voies, et lui doit l’invention du dispositif de la cure, au moyen duquel elle opère. Concluant l’un de ses derniers écrits, Freud dressait en 1937 le constat d’une butée contre laquelle se heurtaient les analyses. Il l’a désignée du terme de « roc de la castration ». L’objet a de Lacan, considéré par lui comme sa seule invention, est à situer en ce point où la pratique de Freud s’est arrêtée. « Le roc, c’est le a » 1, dira-t-il. Liée à la nécessité de penser et de pouvoir rendre compte du dénouement des analyses, cette invention a pour conséquence une révision complète de leur déroulement. Notons à ce propos qu’avant d’en venir à démontrer comment le psychanalyste « se fait produire » avec l’objet a 2 , Lacan l’avait évoqué comme ce dont il doit savoir tenir compte dans le maniement du transfert. Le début de son enseignement, consacré à une « reprise du projet freudien », vise la rectification non seulement d’une « théorisation boiteuse » de l’expérience analytique, centrée sur le rapport à la réalité 3, mais aussi des « fléchissements » qu’induit dans la pratique l’absence d’une théorie du désir 4. L’invention de l’objet a s’ensuit. Contemporaine de son exclusion de l’IPA, elle s’annonce dès 1960, date des séminaires sur L’Éthique et Le transfert, dans la poursuite d’une critique de la notion de « relation d’objet » au profit d’une réflexion sur le statut qu’il convient d’accorder à la Chose freudienne. Mais cette invention ne s’achève que plus tard. En fait, elle se poursuit plutôt, avec la définition de la consistance logique de l’objet, puis la mise en évidence de sa fonction de plus de jouir dans le discours, et son repérage topologique dans le nœud borroméen. L’introduction de l’objet a est le résultat d’une très longue élaboration de Lacan, au cours de laquelle ce a privatif désigne, à chaque étape, un terme indéniable de l’expérience. Quel est donc l’objet en jeu dans une analyse ? C’est la cause du désir, répond Lacan, en renversant la perspective habituelle qui pense l’objet comme visée. Cette cause, reste de la constitution du sujet, jouissance à jamais perdue, est un manque impossible à dire. C’est un manque où viennent se loger les objets de la pulsion, où la jouissance se condense et que l’image spéculaire recouvre. Dans le fantasme, où il a pour fonction de soutenir le désir du sujet, l’objet a constitue son secret partenaire libidinal. De là se déduit la place assignée à l’analyste dans la formalisation du discours analytique que Lacan a dégagée. L’analyste « doit devenir » et « faire advenir » l’objet 5. Car ce n’est qu’en occupant cette position qu’il pourra désincarner l’idéal dont l’amour de transfert le revêt. Ce n’est que de cette place qu’il pourra se prêter à être inclus dans le symptôme. Et amener l’analysant jusqu’au point où celui-ci peut faire le pas de s’en séparer et de conclure, en se délestant de ce qu’il ne se savait pas être au départ. L’objet dont il n’y a pas d’idée, qui n’a pas plus d’être que de représentation, est opérant dans le réel 6. Seule l’angoisse du sujet fait signe de sa présence indicible, alors que dans les dits de la demande s’indiquent les formes, empruntées au corps, où il s’incarne : orale, anale, scopique, invoquante. Parmi ces quatre « substances épisodiques » de l’objet 7, deux s’en trouvent inversement privilégiées dans l’expérience analytique : le regard, auquel on est soustrait, et la voix, sans laquelle il n’y a pas de parole. Lacan le fait valoir en conceptualisant avec le désir de l’analyste, l’implication de celui-ci dans le dispositif freudien dont il a ainsi extrait la structure de discours. Après une année de séminaire consacrée à « L’objet a dans la psychanalyse et dans la civilisation », les Journées des 18 et 19 novembre prochains convoquent l’École de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien à une mise au travail autour d’un thème, qui nous concerne et nous engage spécifiquement en tant qu’analystes formés dans l’enseignement de Lacan. S.A.

Programme

Matin 
9h00 – Accueil
9h30 Introduction : Sol Aparicio 

9h45-11h45 Présidence : Anne Lopez 
Jean-Jacques Gorog : Quel gain du fantasme freudien à l’objet a ? 
Anne Meunier : Transition de l’objet 
Discussion

11h30-13h Présidence : Sidi Askofaré 
Marie-José Latour : Des objets à l’objet 
Marc Strauss : D’un manque l’autre 
Discussion 

Après-midi, salles multiples 
Amphithéâtre Bordeaux 
14h30-16h Présidence : Jean-Pierre Drapier 
Richard Vuagniaux : Grammaire de l’objet 
Maria-Vitoria Bittencourt : L’enfant : quel intérêt privilégié ? 
Discussion
16h15-17h45 Présidence : Jacques Tréhot 
Marie Olmucci : Dans la passe de l’objet 
Jean-Claude Coste : Les aventuriers de l’objet perdu 
Discussion 

Salle 341
14h30-16h Présidence : Claudette Damas 
Frédéric Pellion : Objet a et privation 
Guillermo Rubio : Le plus de jouir 
Discussion
16h15-17h45 Présidence : Colette Chouraqui-Sepel 
Freddy Doussot : L’objet de la séparation 
Marcel Ventura : Du vide au manque 
Discussion 

Salle 342 B 
14h30-16h Présidence : Nicole Bousseyroux 
Serge Bruckmann : Psychose et objet-déchet 
Géraldine Philippe : Le sujet prend sa référence de l’objet a 
Discussion

16h15-17h45 Présidence : Patrick Valas 
François Carron : L’objet a et le désir de l’analyste 
Bernard Lapinalie : La commune mesure lacanienne et le traitement des psychoses 
Discussion

DIMANCHE 19 NOVEMBRE

Matin 
9h45-11h15 Présidence : Stéphanie Gilet-LeBon 
Christian Demoulin : Face aux ténèbres 
Bernard Nominé : Une voix s’incorpore 
Discussion

11h30-13h Présidence : Michel Bousseyroux 
Élisabeth Léturgie : Une absence de regard et de voix ? 
Françoise Josselin : Le savoir de l’amour 
Discussion
15h-16h30 Présidence : Luis Izcovich 
Claire Harmand : Tout tourne autour de l’objet a 
Colette Soler : L’objet a, ses usages 
Discussion

16h30 Conclusion : Martine Menès