III° Convention européenne de l’IF-EPFCL – L’impératif du lien social – L’éthique de la singularité

14 - 16 juillet 2023

Madrid

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III° Convention européenne de l’IF-EPFCL – L’impératif du lien social – L’éthique de la singularité

JOURNÉE ÉCOLE : « L’IMPÉRATIF DU LIEN SOCIAL » (14/07)

JOURNÉES DE L’IF : « L’ÉTHIQUE DE LA SINGULARITÉ » (15-16/07)

Programme (14-16/07)


PRÉLUDES AUX JOURNÉES DE L’IF

PRÉLUDES À LA JOURNÉE D’ÉCOLE

JOURNÉES DE L’IF : L’ÉTHIQUE DE LA SINGULARITÉ

La psychanalyse n’est pas une éthique mais elle a une éthique. Laquelle ? Assurément, à ce jour nulle réponse, parmi celles proposées, y compris par Freud ou par Lacan, n’a pu faire consensus.

C’est d’abord comme extérieure à son champ que la psychanalyse a située l’éthique : son fondateur, Freud, s’est dit « indifférent à la question éthique » – terme qu’il a, semble-t-il, souvent voire toujours confondu avec la morale. Ceci n’objecte pas à la formulation possible d’une éthique freudienne, à ne pas confondre avec l’éthique de la psychanalyse, comme le « désir de Freud » avec le « désir de l’analyste ».

Il faut attendre l’événement Lacan pour que l’éthique soit placée au cœur de la psychanalyse. Il va d’abord examiner les conditions éthiques de la psychanalyse – qui ne sont pas moins importantes que ses conditions épistémiques – avant d’interroger et de thématiser ce qu’il a appelé, non pas l’éthique du sujet ni même l’éthique du psychanalyste, mais l’éthique de la psychanalyse. Cette formulation qui fait thèse, et qui donne son titre au Séminaire de Lacan de 1959-1960, constitue en soi un réel coup de force.

Le pas de Lacan a consisté, d’une part, à mettre au jour l’originalité de la position freudienne en matière d’éthique, et, d’autre part, à affirmer et à soutenir qu’il y a bel et bien une éthique de la psychanalyse – éthique qui se déduit de sa pratique et qui ne se confond ni avec l’éthos de l’analyste ni avec la position éthique de l’analysant – éthique dont on peut isoler les principes à partir des réserves et des critiques formulées par Freud à l’encontre de l’éducation, mais également de la religion et de la médecine.

À dire vrai, ce pas au-delà de Freud n’est pas aussi unilatéral qu’on a pu le dire ici ou là. En réalité, il y a un mouvement complexe, voire tortueux, de la position de Lacan, qui épouse les moments cruciaux de son enseignement.

Si J. Lacan commence par parler d’éthique de la psychanalyse en 1959-1960, c’est pour souligner, d’une part, « l’importance de la dimension éthique dans notre expérience et dans l’enseignement de Freud » (L’Éthique de la psychanalyse, p.11) et, d’autre part, pour entériner que la psychanalyse apporte une contribution décisive à la réflexion éthique comme telle. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle cette éthique reste, à ce stade, une éthique du jugement, et ambitionne de valoir pour tout sujet parlant. Cette universalité quasi kantienne contrevient et s’oppose à la prise en compte de toute singularité.

Avec la « Remarque sur le Rapport de Daniel Lagache » (1960), s’opère un premier déplacement, dans la mesure où la question sur laquelle Lacan débouche est la suivante : comment « la voie de bavardage de l’expérience analytique » conduit-elle à cette éthique « convertie au silence » par « l’advenue du désir » ?

C’est avec « Télévision » (1973), soit dans l’après-coup de sa théorie des discours (L’Envers de la psychanalyse et « Radiophonie » (1970)) que Lacan établira d’une manière ferme et définitive sa thèse de la relativité de l’éthique au discours. Ainsi l’éthique du discours du maître n’est pas l’éthique du discours de l’hystérique, de même que l’éthique du discours de l’hystérique n’est pas celle du discours de l’analyste, la seule en réalité sur laquelle Lacan s’attarde.

C’est cette dernière qu’il propose d’appeler « éthique du Bien-dire ». Ni éthique du Bien tout court, et encore moins du « Souverain bien » – Lacan l’a déjà récusé dès son Éthique de la psychanalyse de 1959-1960 -, ni éthique du dire, mais bel et bien « éthique du Bien-dire », soit une éthique de l’interprétation, si l’on en croit les dernières lignes de « Télévision ». Or, l’interprétation évoque et convoque le désir (Cf. Le désir et son interprétation), le transfert (pas d’interprétation recevable hors transfert et avant l’installation de ce dernier), la coupure (qui subvertit et modifie la surface ou le nœud du parlant) et l’acte.

En somme, s’il est une éthique de la psychanalyse, c’est la même que Freud décline en mettant l’accent sur le transfert- son maniement et sa manœuvre – et Lacan sur l’interprétation. L’éthique du désir et l’éthique du Bien – dire, qu’on retient volontiers comme l’alpha et l’oméga du frayage de Lacan sur ce motif, en restent malgré tout à la structure et à l’universel. Cela a son prix, mais laisse dans l’ombre ce qui, dans une psychanalyse et dans la psychanalyse, se glisse entre le particulier et l’universel, passe par l’hystorisation, donc par des voies originales, des traits distinctifs accentués parfois à l’excès, bref, par la singularité.

D’ailleurs, à l’heure actuelle, un des dangers que la psychanalyse affronte, consiste dans les mouvements divers qui, en voulant plier cette dernière aux particularismes de leurs jouissances communautaires, risquent non seulement de saper ses fondements universalistes – ceux du sujet parlant, entre langage et discours – mais d’objecter à ce qui constitue le principe même de toute pratique ou démarche clinique : le un par un.

C’est à ce point que se situe la question de ce qu’on peut appeler, non pas la singularité – sans doute en raison de ses nombreuses connotations en langue française -, mais simplement le singulier, dont le souci ne doit jamais quitter l’analyste du début à la fin de l’expérience analytique. En effet, ce qu’il convient de ne jamais oublier, c’est que si chaque analysant est un sujet – effet du signifiant qui le divise et qui le représente pour un autre signifiant -, c’est qu’au-delà des catégories diagnostiques – névrosé, psychotique, pervers – ou autres catégories sous lesquelles il arrive que nous le rangions – hétéro sexuel, gay, lesbienne ou trans – chacun est sujet à sa manière, singulière, l’incarne selon un style propre, donc original voire exceptionnel.

Reste à savoir, à présent, ce qu’il convient d’entendre par singularité, et si, oui ou non, elle peut s’articuler, fonder ou constituer la visée d’une éthique telle que celle du discours psychanalytique.

JOURNÉE D’ÉCOLE « L’IMPÉRATIF DU LIEN SOCIAL »

organisée par les membres européens du CIG : Ana Alonso, Sidi Askofaré, Cathy Barnier, Nicolas Bendrihen, Christophe Charles Marie-josé Latour Rebollo Manel, Mikel Plazaola, Sophie Rolland-Manas, Trinidad Sánchez Biezma, Colette Soler, Bernard Toboul.

Ce titre nous a été suggéré par celui de la 3e convention, L’éthique de la singularité. Nous nous accordons avec ce titre qui invite à distinguer chez les « particuliers » standards homogénéisés par le discours dominant, ce qui se distingue par cette singularité de jouissance que programme l’inconscient et dont la psychanalyse fait son objet.

La question est cependant de savoir comment une éthique psychanalytique de la singularité peut n’être pas une éthique individualiste ? Nous ne comptons pas sur le prêchi-prêcha du s’aimer les uns les autres, ni sur la charité du bon samaritain et encore moins sur « l’oblativité génitale » moquée par Lacan. La psychanalyse révèle la singularités des inconscients qui tous sont des dissidents du discours établi, mais elle ne dit pas quel usage en faire. Or on sait depuis « Fonction et champ de la parole et du langage » combien Lacan a tenu à marquer la place nécessaire de l’analysé dans les liens sociaux de son temps. En outre, la psychanalyse elle-même « ne peut se soutenir d’un seul ».

Originaux ou pas, il faut bien que les individus, tous ces « prolétaires » comme dit Lacan, entre dans des liens pour faire société. Il semble que quelque chose y pousse, et c’est justement ce que le terme « impératif » que nous avons retenu, interroge. Il n’implique pas de voix surmoïque qui commande, mais désigne une nécessité qui s’impose apparemment aux parlants. Pas de rapport sexuel, y a de l’Un. Pourtant y a des rapports sociaux, à deux ou plus et qui suppléent.

C’est ainsi par exemple que les singularités des « épars désassortis » issus des analyses, ces sujets détachés à grand peine du lien analytique, s’y replongent dans presque tous les cas. Très peu de cas d’analyse finie qui conduise le sujet hors du champ analytique, le plus souvent il change seulement de place. Les singularités ne seraient-elles donc pas si séparées qu’elles n’aient besoin de quelque autre. D’ailleurs, hors analyse, nos modernes autistes, ne font-ils pas régulièrement usage de leur autisme supposé hors-lien, justement pour faire lien, par leurs publications et échanges divers et aussi par leurs relations avec des analystes qui ne manquent pas de parler d’eux ? Qu’est-ce donc qui pousse au lien ?

Pour ce qui est des sujets analysés qui ont mesuré leur « différence absolue » il semble bien que divers types de liens s’offrent à eux. Quand les bénéfices tirés de leurs analyses leur donne accès à cet usage d’escabeau que Lacan distingue dans « La lettre aux italiens », ils peuvent user de leurs capacités restaurées dans le champ de l’amour ou du travail pour se faire une place dans… l’arbre généalogique par quelque succès mondain. Bien différemment, si un certain amour de la psychanalyse les anime, ils useront du lien social du transfert de travail voire du témoignage de passe, pour soutenir une politique… d’Ecole dans le monde. A moins encore qu’ils ne se contentent si un certain amour de la psychanalyse les anime simplement du « confort » du groupe analytique pour supporter les rigueurs de l’acte analytique.

Colette Soler

COMMISSIONS

Commission scientifique IF :
Marta Casero (secrétaire de la commission), Représentante et Teresa Trias Sagnier pour l’Espagne, Jean-Pierre Drapier, Représentante et Sidi Askofaré pour la France
Flavia Tagliafierro, Représentant et Mario Binasco pour l’Italie
Mounir Chaloub, Représentant et Delia Nan pour la zone plurilingue
et Maria Antonia Cabrera, invitée.

Commission d’organisation :
Pilar rodríguez Collell, Gloria Fernández de Loaysa, Ignacio Arraiza, M. Luisa de la Oliva (responsable), Antonia Mª Cabrera, Rebeca García, Sol García, Ana Maeso, Carmen Nieto, Manuel Lara, Ignacio Cortijo, Francisco Santos, Gabriel Hernández, Vincent Valas, Carmelo Sierra, Rosario Calle y Virginia Chana.

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